État dramatique des herbiers de zostères, l’écosystème du Bassin en détresse ..
L’heure est grave, les études se succèdent pour enfin déterminer les causes de la disparition des herbiers et toujours aucune validation scientifique, il s'agit pourtant d'un véritable drame pour le Bassin, une lente agonie. Sans herbiers, plus de vie.
L'objectif : Trouver les causes, très certainement polluantes, puis les combattre s'il n'est pas trop tard et informer la population, la responsabiliser.
Rappelez-vous, les récents préfets et sous-préfets de l'Etat, Alain Géhin en 2004, Philippe Ramon en 2008, Pascal Gauci en 2009 avaient prévenus nos élus : “maîtrisez votre urbanisation et votre environnement ou vous mettrez à mal le Bassin”.
P.RANSINAN.
LES ZOSTERES, ce qu’en dit l’IFREMER
Les herbiers de zostères présentent un fort intérêt écologique, patrimonial et économique, en constituant des écosystèmes remarquables. Ces herbiers abritent une biodiversité importante, et jouent un rôle majeur dans la reproduction et l'alimentation d'un grand nombre d'espèces (poissons, crustacés, oiseaux) dont certaines (avifaune migratrice) bénéficient d'un statut de protection. Les herbiers contribuent en outre à la stabilisation du substrat en piégeant les particules sédimentaires par la réduction des contraintes d'érosion. Les parties endogées (réseaux de rhizomes et de racines) modifient de plus les propriétés biogéochimiques des sédiments colonisés.
Dans quelques mois, après 3 années d’études, l’IFREMER rendra publique les résultats de ses recherches sur les causes de la disparition des herbiers de zostères dans le Bassin d’Arcachon.
JUIN 2016, l'IFREMER ne trouve rien, voyez ci-dessous l'état de notre Bassin, je leur conseille de se pencher là dessus : https://bassindarcachon.com/crii_du_kayok.aspx?id=92
herbiers de zostères naines en bonne santé, au centre du Bassin
Disparition totale des herbiers sur la presque totalité du nord bassin, ici devant Taussat, juin 2016
Notez la couleur de l'eau, sans herbiers pour les fixer, les vases se mélangent aux eaux, plus de vie, plus de baignade
Tous les secteurs situés dans la partie sud-est de la lagune présentent une forte régression.
Cinquante à soixante dix pour cent de la surface occupée en 1989 par de l’herbier à petite zostère dense à moyennement dense a disparu ou a été remplacé par de l’herbier très peu dense mélangé à des zones de vases nues. Le phénomène de régression observé affecte surtout les estrans côtiers (Gujan, Mestras, Le Teich, Audenge, Lanton, Andernos) limités, dans leur partie basse, par les chenaux et dans leur partie haute par le schorre. L'herbier a disparu (remplacé par des vases nues) surtout dans ses parties basses, en bordure des chenaux. Sur la plupart de ces secteurs, la limite supérieure de l’herbier est restée stable et très proche de la côte mais son taux de recouvrement a diminué.
Deux zones principales présentent un taux de régression très élevé. La première, très étendue, concerne la zone orientale au sud est du Bassin d’Arcachon. Les taux de réduction de la surface en herbier oscillent entre 93% et 100%. La seconde zone se situe à l’extrémité nord de la lagune, au débouché du "canal des Etangs". On peut dire qu'aujourd’hui les herbiers de Zostera marina ont totalement disparu de ces deux secteurs.
Tout le linéaire de la côte nord-ouest, depuis les Jacquets jusqu’au Cap-Ferret, est affecté par une assez forte régression (66 %) des surfaces colonisées par les grandes zostères. Toutefois, on peut considérer que les pertes maximales concernent surtout la partie nord du secteur qui se situe entre Piquey et Arès.
ALERTE : Les herbiers de zostères représentent un compartiment écologique fondamental au sein de l'écosystème lagunaire du Bassin d’Arcachon. La réduction de l’emprise surfacique de ce biotope a potentiellement des répercussions négatives d’un point de vue écologique (réduction de la biodiversité de la macrofaune invertébrée benthique et vagile, désaffection du milieu pour la reproduction de certaines espèces, Sepia officinalis par exemple), altération du rôle fondamental de nourricerie pour différentes espèces de poissons).
ESPOIR : si les causes de cette régression sont identifiées et peuvent être contrées, les herbiers de zostères du Bassin pourraient recouvrir leur superficie « optimale » observée par le passé.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Sur les rivages du Bassin, on a peu de goémon (terme générique pour désigner les algues marines) mais surtout du varech (du normand vaarek "ce qui est rejeté sur la côte", c'est-à-dire la laisse de mer).
Et notre laisse de mer naturelle est à plus de 80 % composé de zostères (ne pas prononcer "zoostère", rien à voir avec le zoo.)
Ces zostères (Zostère marine et Zostère naine ou Noltii) sont des herbes et pas des algues. Ce sont des plantes à fleurs, qui perdent leurs feuilles annuellement. C'est pourquoi on en trouve (normalement) des monceaux en été sur les plages.
L’enlèvement quasi-systématique de la laisse de mer naturelle est récente (depuis que les communes se sont dotées de cribleuses pour tenter le capter les boulettes de pétroles qui ont suivi le naufrage des calamiteux Prestige (1999) et Erika (2002).
Les plages du Bassin d’Arcachon sont une Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF), une Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) et deux Sites Natura 2000 (Directive Habitats et Directive Oiseaux) ce qui illustre abondamment la valeur écologique du site.
La laisse de mer constitue un écosystème à part entière et, surtout, la base de chaînes alimentaires pour la faune des plages (crustacés, oiseaux…) Elle revêt donc un très fort intérêt écologique. C’est grâce à elle que nous voyons, y compris sur les plages dites « urbaines », des aigrettes, gravelots, courlis, tournepierres, bergeronnettes, bécasseaux et bien d’autres oiseaux.
C’est pour ces raisons que les zostères et autres éléments naturels, lorsqu’ils échouent sur les plages, constituent l’habitat Natura 2000 « Végétation annuelle des laissés de mer ». C’est aussi pourquoi l’Europe, le Conservatoire du Littoral, la Région, le Département, l’Observatoire régional de la côte Aquitaine, l’ONF, les gestionnaires d’espaces naturels littoraux regroupés dans l’association Rivages de France, la mission du Parc Naturel Marin et les associations de protection de la nature prescrivent tous la conservation de la laisse de mer.
De plus, la laisse de mer, en se mêlant au sable, le fixe. Elle est aussi l’engrais de la plage, indispensable à la végétalisation du sable. Elle tient ainsi un rôle crucial dans la lutte contre l’érosion côtière.
Quant aux cribleuses, elles ramassent beaucoup de sable et, en le ratissant, permettent sa mobilisation par le vent, ce qui fragilise les plages. Ces engins lourds sont bruyants, effarouchent les oiseaux… et les promeneurs ; ils morcellent les vieux déchets de plastique.
Le retrait de la laisse de mer induit un considérable gaspillage d’argent public pour des travaux dont l’intérêt public est très contestable.
Auparavant, la laisse de mer demeurait ; les enfants l’incorporaient à leurs châteaux de sable, les adultes s’asseyaient sur les banquettes de varech mêlé de sable… A présent, le ramassage de la laisse de mer appauvrit l’écosystème et affaiblit la plage face à l’érosion.
La seule "valorisation" de la laisse de mer est dans le fonctionnement naturel, sur la plage même.
Quant aux macrodéchets (plastiques, verre…), le nettoyage manuel permet de les ôter tout en préservant les éléments naturels vitaux.
Françoise BRANGER - Association Bassin d'Arcachon Ecologie
Plus d'info : http://www.ifremer.fr/delar/zosteres_barc.htm
herbiers de zostères marines
Liens utiles :
http://www.phyvalbio.u-bordeaux1.fr/
http://lebetey.wordpress.com/2010/11/09/des-bernaches-et-des-hommes/
http://www.scaphpro.com/documents/Rapport_de_stage_herbiers.pdf
http://doris.ffessm.fr/fiche2.asp?fiche_numero=695
http://www.rebent.org//medias/documents/www/contenu/documents/Hily_Rebent_Herbiers_2006.pdf
http://www.liteau.ecologie.gouv.fr/article.php?id_article=31