(Article débuté le 7 juin 2011)
On prend l'eau de toutes parts mais qu'importe pour les maires du Bassin c'est machine en avant toute. Ouvrez grand vos écoutilles, voyez où nous embarquent nos élus :
Le développement d’un territoire se pense à moyen et long terme, pour réfléchir à celui du Bassin d’Arcachon, de son incomparable et précieuse petite mer de Buch, un syndicat, le
SYBARVAL, a été mis en place. Un document, le SCOT doit en découler et servir de base à notre politique d’aménagement.
L’objectif est de parvenir à maîtriser ce développement pour préserver un écosystème unique en Europe (1ère écloserie d'huîtres de France, nurseurie pour les poissons juvéniles du golf de Gascogne, aire de migration pour nombre d'oiseaux, herbiers de zostères de première importance, hippocampes rares, activités touristiques, pêche..), un Bassin source de vie et de travail pour tous, aujourd’hui en perte d’équilibre, pour certains à bout de souffle .. Mais encore debout.
Cela passe inévitablement par une protection renforcée contre les nuisances et pollutions connues et futures : la gestion des déchets (et celle de nos anciennes décharges, de leurs lixiviats qui coulent toujours), de la surfréquentation humaine, de l'urbanisation, des pesticides issus de l'agriculture .. Seule une volonté politique forte peut préserver cet écosystème, c'est d'intérêt général.
Avant de parler du fonctionnement de ce syndicat, voici un message qui leur a été transmis puis, la liste des menaces environnementales connues et là on ne rigole plus !
Récapitulatif des menaces présentes sur le Bassin d'Arcachon
D'abord cette vidéo réalisée par le photographe parisien Stéphane Scotto :
Puis ces constats accablants relevés par nos association locales de protection de l'environnement :
QUALITE DES EAUX MARINES
Les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) proviennent du motonautisme, de la circulation automobile et des chauffages, il s’agit de l’une des problématiques majeures des conchyliculteurs et des pêcheurs de coquillages. Si la ligne de HAP, mesurée par l’IFREMER, continue de croître comme elle le fait actuellement, on atteindra l’interdiction de consommation des coquillages en 2017 ! Et ce n’est pas en ayant un afflux démographique galopant que le problème sera résolu.
DISPARITION DES HERBIERS MARINS (à ce jour les causes ne sont pas connues, étude en cours)
Une disparition dramatique des zostères naines (celles qui couvrent et fixent les vases) et marines (celles qui tapissent les fonds marins et protègent les alevins) est en cours dans l’ensemble du Bassin et particulièrement sur les zones nord et est, celles exposées aux pollutions du bassin versant (anciennes décharges, trafic routier, produits phytosanitaires..). Voir
http://www.bassindarcachon.com/crii_du_kayok.aspx?id=58
LISTE OFFICIELLE DES SITES POLLUES
La plupart de ces relevés mettent en évidence une pollution par les lixiviats de certaines décharges, le risque étant que ces jus contaminés soient "transportés" par les couches d'eau vers le le Bassin et l'océan, et c'est ce qui se passe.
Arcachon - Audenge - La Teste - La Teste - Gujan - Le Teich - Marcheprime - Marcheprime - Marcheprime - Marcheprime - Biganos
IMMERSION ET MONTEE DES EAUX
Le Ceba (Coordination environnementale du Bassin d'Arcachon) le déplore : "L'urbanisation s'accélère sur des zones connues comme vulnérables aux inondations et submersions. C'est le cas du Coulin à Andernos, et aux Bordes à La Teste de Buch." Alors que les documents, comme le Plan de Prévention des Submersions marines et des Crues Rapides, ne sont pas encore sortis, "certains tentent de passer en force et de construire encore en première ligne. Les communes ont-elles conscience de ce phénomène ?" s'interroge la coordination.
ALTERATION DE LA BIODIVERSITÉ
"Sur le terrain, nous constatons une disparition des insectes. On s'alarme de ne plus voir de mouches, d'abeilles, de fourmis. Cela pose la question des traitements insecticides des communes et des particuliers. On autorise, par exemple, l'utilisation de la deltaméthrine, qui est un produit redoutable, destructeur de crustacés d'eau douce et perturbateur pour la reproduction des huîtres .. En 2010, nous avons demandé au préfet de la Gironde l'abandon de la deltaméthrine pour la démoustication dans la région." De plus, ces traitements insecticides altèrent gravement la chaîne alimentaire : "Toutes les espèces prédatrices des insectes subissent cette disparition. Ce que le centre de soins de la LPO à Audenge soigne le plus, ce sont les martinets mourant de faim à cause de la disparition de ces moustiques. Il faut que l'écosystème soit respecté".
LE DEVENIR DE NOS DÉCHETS
Actuellement, les milliers de tonnes de déchets produits sur le Bassin d'Arcachon partent en camion, soit vers Astria à Bègles, soit vers Lapouyade. "Ce dossier doit être traité de manière prioritaire par nos intercommunalités", soutient Jean Mazodier. "Nos ordures sont ramassées mais vont ailleurs. Le dossier a reculé". Pour Bassin d'Arcachon Ecologie : "on nous cite 2 endroits potentiels, Cestas Ou Saint-Magne, mais aucune décision n'est prise et le respect des critères est incertain. Cette période de transition s'éternise et devient néfaste". Concernant les déchets, Françoise Branger met aussi l'accent sur les dépôts sauvages d'ordures situés tout autour du Bassin mais aussi sur les déchetteries communales situées à proximité d'espaces naturels sensibles : "A Lège, la déchetterie va être agrandie juste à côté d'un marais et d'un cours d'eau. Celle de La Teste de Buch est située tout près du Canal de Landes, celle du Teich, de la craste de Baneyre et celle de Biganos, du ruisseau de Lacanau."
Le SYBARVAL a du boulot, de gros dossiers que l'on traîne depuis les années 60/70 (déchets, traitement des eaux usées et maintenant des eaux pluviales et routières, envasement du nord et de l'est du bassin, 1 million de tonnes à sortir, l'anti fouling toujours.. et les promoteurs et les banques toujours à l'affût), les charges se multiplient et vont s’alourdir si rien n’est fait. Sera t'il impartial ce jury qui décidera pour le bien commun, saura t'il stopper la fuite en avant, faire face aux lobbying et placer l'écosystème en tête des priorités ? ... C’est impossible, c’est impossible parce que ce sont les maires qui ont créés le Sybarval (par le biais des communautés de communes et sous surveillance de l’Etat) et qu’ils en ont pris tous les sièges.
Les maires ne prendront pas de décisions contraires à leurs intérêts, ils se contenteront de saupoudrer de quelques actions environnementales les doléances des associations, on se moque de nous, cela ne peut aboutir à rien.
En ces temps de Grenelle de la Mer et de l'objectif de restaurer l'écosystème côtier, on peut parler, pour le moment symboliquement, de "non assistance à Nature en danger”. La nature, qualité première du Bassin d’Arcachon, a des droits. Qu'il soit dit ici et maintenant que les membres du Sybarval sont en train de les bafouer. Ils seront responsables de cela devant leurs enfants et les nôtres et, pour commencer, ils le sont devant nous aujourd’hui.
Ami(e)s du Bassin d’Arcachon, il est temps de faire quelque chose, je vous encourage à contester les PLU lors des enquêtes publiques en mairie et à adhérer aux associations locales environnementales.
Par P.RANSINAN - patrick@bassindarcachon.com
Actualités du 27 juin 2011 : le président du Sybarval s'emporte.
Des centaines d'invitations ont été lancées pour la présentation du projet de Schéma de cohérence territoriale (Scot) du bassin d'Arcachon et du Val de l'Eyre porté par le Sybarval, le syndicat mixte chargé de porter ce texte, et dont Jean-Guy Perrière est le président. Les responsables de l'agence Urba présentent en détail ce document d'urbanisme censé mettre en cohérence l'ensemble des politiques (habitat, économie, déplacements, etc.). Puis vient le débat.
André Tillier, président de l'Association pour la sauvegarde du site d'Arcachon, se lance : « Ce Scot doit protéger le Bassin contre les attaques des promoteurs et patrons des enseignes commerciales, tous trop souvent soutenus par les élus. Ensuite, vous dites dans votre présentation que le futur pôle océanographique aquitain sera sur le port d'Arcachon. Sachez qu'aucune décision n'est encore prise à ce sujet. » « Je suis surpris… »
Jacques Storelli, président de l'Association de défense et de promotion du Pyla-sur-Mer (ADPPM), n'est pas non plus convaincu par les assurances des élus sur la préservation du Bassin. Pour lui, la loi Littoral subit dans ce Scot des coups de ciseaux, amplifiés par certains plans locaux d'urbanisme comme celui de la Teste-de-Buch qui ouvre selon lui à l'urbanisation des secteurs protégés au niveau du Laurey et de Pissens par exemple.
Jean-Guy Perrière réplique sèchement : « Je suis surpris que vous parliez de coups de ciseaux. Nous avons mis en avant dans ce Scot la valeur naturelle du Bassin : ça représente trois chapitres sur cinq. »
Et voilà Nicolas Manneville, pour la Confédération pour les entrepreneurs et la préservation du Pays du bassin d'Arcachon (CEPPBA), enchaîne : « En 2010, 55 000 m² de surface commerciale de plus ont été accordés par les élus, alors que nous sommes déjà en surdensité commerciale. Cette explosion va à l'encontre de la loi LME qui vise à protéger les centres-villes. Certaines communes la respectent et d'autres non. Nous sommes très inquiets. Notre confédération veut vous faire comprendre, à vous élus, que nous voulons être entendus. »
Jean-Guy Perrière hausse le ton : « Nous travaillons à ce Scot depuis trois ans et votre confédération existe depuis trois jours. Les élus essaient de donner des avis conformes au schéma d'urbanisme commercial. Les élus sont très bons quand ils accordent quelque chose à quelqu'un et très mauvais quand ils l'accordent au concurrent. »
Combien d'habitants ? D'autres associations prennent la parole : Vive la Forêt, Bassin Arcachon Écologie, le Cobartec qui explique que la future route à l'est du Bassin entre Biganos et Arès sera vite saturée, la Coordination Environnementale du Bassin d'Arcachon, etc.
Enfin, René Serrano, l'ancien conseiller général socialiste de la Teste, livre un réquisitoire au nom de la Sepanso : « Le texte utilise des verbes allusifs ou ouverts qui pourront être interprétés différemment dans dix ans. Et puis vous ne parlez pas non plus du choix démographique pour l'avenir. Il n'y a aucun chiffre et aucun choix lisible et objectif sur ce plan. »
C'est le dernier orateur de la matinée, l'universitaire Jean Marieux, expert invité, qui répond : « Le cadre fondamental, c'est la protection de la nature. En creux, il y a les capacités d'accueil. Il y a des hypothèses basses, médianes et hautes. On ne peut pas construire un barrage contre l'expansion démographique. Nous sommes dans une optique de prudence. Des capacités d'accueil sont ouvertes. Quand seront-elles consommées ? L'incertitude est grande. Enfin, les modèles d'urbanisation ne sont plus les mêmes. Arcachon, sur le même périmètre, a construit 5 000 logements en trente ans. Qu'ils aient été bien ou mal faits est une autre question, mais c'est possible de densifier l'habitat. »
Source : David Patsouris - Journal Sud Ouest du 27 juin 2011
AVIS : Il faudrait que l'universitaire, qui se place dans une optique de prudence alors que tout est déjà en vrac, nous explique comment protéger une nature en continuant à l'urbaniser !
Actualité du 7 mai 2015 !
Tribunal administratif de Bordeaux : le rapporteur public demande l'annulation du Scot d'Arcachon ! Le Tribunal administratif de Bordeaux examinait ce matin le Scot (schéma de cohérence territoriale) du Bassin d'Arcachon. Le rapporteur public a demandé l'annulation totale de la délibération validant ce document qui constitue les tables de la loi en matière d'urbanisme sur un territoire. Le magistrat a notamment relevé des points contraires à la loi littoral dont certains avaient déjà été censurés par la justice dans le cadre de précédentes annulations de PLU (plan local d'urbanisme). Il a en outre émis des doutes sur la méthode employée afin de quantifier les besoin en construction sur le territoire. Si la justice se rangeait à l'avis du rapporteur public et décidait d'annuler le Scot, l'élaboration d'un nouveau document pourrait prendre plusieurs mois voire plusieurs années.
A SUIVRE ..
Un petit poème pour tenir le coup :
Lorsque j’aperçois ton sinus, engorgé, irrité,
De tous les allergènes que tu as respirés,
Je ne doute pas que tu sois malheureux
De voir se dégrader ton système herbeux.
Il me plaisait de sentir l’opulente guipure
De ce bon vieux varech ; j’en faisais une cure
De cette senteur iodée, respirant bien à fond
L’odeur de ce bassin, un souvenir profond.
Je t’aime comme une entité, une divinité
Et j’ai l’heur de penser que nous avons hérité
D’un cadeau, d’un bijou, d’une aigue-marine,
Qu’il nous faut préserver des attaques malignes !
Hideuse boue qui t'étouffe de son linceul de deuil
Et si en ta surface tu semble toujours aussi beau,
Les passants, c’est certain, auront la larme à l’œil,
Quant des mouettes ils ne verront que corbeaux.
François Veillon.
Sources La Dépêche du Bassin - Sud Ouest - Bassindarcachon.com - CEBA - Bassin d’Arcachon Ecologie