Famille JAVAL, WALLERSTEIN et aérium d’Arès

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lundi 19 novembre 2007

Léopold JAVAL (né à Mulhouse le 01.12.1804), fils de Jacques JAVAL dit « le jeune » et de Lucie BLUMENTHAL, épouse en 1838 Augusta von LAEMMEL (1817-1893), fille de Léopold von LAEMMEL et de la baronne Sophie d’EICHTHAL. Ils ont 6 enfants : Emile (1839-1907), Pauline (1842- ?), Ernest (1843-1897), Eugène (1846-1847), Alfred (1848- ?) et Sophie (1853-1947).

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Banquier et agronome d’inspiration saint-simonienne, il acquiert par adjudication en 1847 une vaste propriété de 690 hectares à Andernos. Il l’agrandit, d’Audenge Au Porge, jusqu’à 3000 hectares en 1860. Il l’assainit, y plante des pins, en exploite la gemme et fait forer des puits pour l’alimentation en eau potable des communes sur lesquelles se trouvent ses terres. Ses travaux de mise en exploitation de ces landes incultes lui valent la rosette d’officier de la Légion d’Honneur en 1862.

En 1851 il avait été élu conseiller général d'Audenge, mandat qu'il abandonnera en 1859 pour se consacrer à l’Yonne dont il est député depuis 1857.

Après la chute du second empire, il vient prendre sa retraite dans son château d’Arès

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qu’il avait acheté au Capitaine Louis David ALLEGRE ainsi que les réservoirs à poissons, qu’il développa. Le château est aujourd’hui une maison de retraite de la mutuelle des enseignants. Il y décède en 1872. Sa veuve poursuit son œuvre.

Riche banquier israélite au même titre que Rothschild ou Péreire, on peut raisonnablement penser que son installation sur les bords du Bassin lui a été inspirée par Emile Péreire.

Sa fille Sophie épouse en 1878 Paul WALLERSTEIN (né à Paris le 12.06.1846). Elle le décide à créer à Arès une maison de santé pour soigner les déshérités. Elle sera inaugurée le 21 novembre 1894 en présence de nombreuses personnalités, les maires d’Arès, d’Andernos, de Lège et Du Porge et les docteurs COUSIN et PEYNAUD en particulier. L’Abbé DELUGEOL bénit l’établissement. Les religieuses de La Sainte Agonie le prennent en charge. L’architecte en a été M. BLAQUIERE et l’entrepreneur M. BORDURON; une villa à façade de belle facture architecturale ornée de faïences.

Le 1er septembre 1914 il devient l’Hôpital (militaire) Auxiliaire N° 205 de la 18ème Région Militaire géré par la Croix Rouge, jusqu’en 1919.

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(aimable contribution de NC et RL)

Paul WALLERSTEIN était décédé le 15 mars 1903 alors qu’il chassait sur le domaine de La Saussouze, héritage de Léopold JAVAL et qui représente environ la moitié de la surface de la commune d’Arès, surnommé alors « le domaine de Madame ». Il est tombé de cheval, sans doute terrassé par une crise cardiaque. Un modeste mausolée isolé en pleine forêt indique encore aujourd’hui l’endroit précis où on a retrouvé son corps.

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En 1913, Sophie WALLERSTEIN continue son œuvre de bienfaisance et créé un aérium au bord du Bassin pour des enfants malades (tuberculose en particulier) de condition modeste.

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Les architectes en sont Charles DUVAL et Emmanuel GONSE (un cousin de Sophie W.). Des fresques du peintre Henri MARRET, Professeur à l’Ecole Nationale des Arts Appliqués, égayent les murs.

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En 1942, se sentant menacée en tant que juive, elle confie tous ses biens à la Croix Rouge Française et s’installe modestement dans une cabane du port d’Arès, protégée et aidée par la population locale. Elle a 89 ans ! Elle peut enfin en sortir fin août 1944. Elle est décédée le 31 décembre 1947, à l’âge de 94 ans, après une longue vie consacrée au service des autres, digne héritière de son père Léopold JAVAL dont les descendants gèrent encore aujourd’hui cet héritage humanitaire. Une belle oeuvre de bienfaisance en somme. 

Auteur : Xavier Hessel et René MAGNON.

 

L’Aérium d’Arès sortira un jour de son long sommeil

Depuis la fin des années 70, ces 5 hectares sous les pins, au bord du Bassin, n’accueillent plus personne. Une association se bat pour leur rendre vie. Histoire.

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L’Aérium tel qu’il était dans ses années de fonctionnement entre 1913 et 1970.

«Mon enfance est ici », lâche Claude Gautier. « Pendant six ans, entre 11 et 17 ans, je suis venue chaque année entre six et quatre mois soigner mon état de santé fragile, à cause de la tuberculose. Dans les années 50. » Aujourd’hui retraitée, elle observe l’Aérium depuis le bord du Bassin. Les bâtiments barricadés, les portes murées, l’interdiction d’entrer. Pourtant elle sourit de plaisir. Les cigales, les pins chauds qui exhalent, le même sable sous les pieds, les tamaris tout pareil. « J’ai presque l’impression qu’un gosse va sortir de la maison en criant, que des bandes d’enfants vont émerger de là en courant vers le Bassin. Je guette toujours en passant l’ouverture d’un volet, un chant enfantin. Je voudrais tellement que tout revive. »

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Baignoires pour les enfants

Ils étaient entre 150 et 200 enfants entre 3 ans et 17 ans à investir les lieux, dans cette commune d’Arès où la famille Wallerstein avait fondé en 1913 une maison pour les enfants malades de la tuberculose. 2 000 m² de locaux, un parc de 5 ha, en front de mer, sous les pins. Sophie Wallerstein, fille du banquier Léopold Javal, très lié avec les frères Pereire, acheta 700 hectares d’un vaste domaine à Andernos. Puis entre Audenge et Le Porge, il achète le château d’Arès qui devient sa demeure.

Mission : soigner les enfants

Sophie ne put avoir d’enfant, elle décida de créer une fondation reconnue d’utilité publique en 1904. Mission : soigner les enfants défavorisés. Son action philanthropique guidera toute sa vie. En 1913, elle crée l’Aérium. En 42, Sophie porte l’étoile juive, une grande partie de sa famille est déportée. Afin de protéger l’Aérium, elle le confie à la Croix-Rouge sous condition. L’association des amis de la Fondation Wallerstein qui gère le domaine est donc chargée de préserver l’œuvre de la grande dame. Lorsqu’elle décède en 1947, elle a confié auparavant les clés de l’établissement à son neveu Paul-Louis Weiller.

Depuis sept ans, Pilar de la Béraudière, arrière-arrière petite-nièce de Sophie Wallerstein, préside la fondation, qui entre-temps a ouvert une clinique (centre médico-chirurgical) sur une parcelle de l’Aérium.

Juliette Greco réfugiée ici

Depuis la fin des années 70, les projets de l’Aérium ont tous capoté les uns derrière les autres. Des enfants ont été accueillis en mode colonie de vacances, puis le bâtiment n’étant plus aux normes, la colo déménagea. Dans la foulée des années 80, le chanteur Jean-Luc Lahaye posa son dévolu sur la propriété, avec un projet d’y installer des enfants défavorisés de la fondation qu’il avait montée. Refus.

 

Le père François du Plessis prêtre-ouvrier qui avait ouvert un centre de vacances à Claouey fut sur les rangs pour rénover le bâtiment, afin d’y accueillir des enfants pauvres et des familles. Il obtint même un contrat en tant que « directeur de projet à titre bénévole ». Capotage. En 1988, le président des Girondins de Bordeaux Claude Bez fut à deux doigts de l’acheter pour créer un site d’entraînement. Encore raté.

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Les 4 A défendent la réhabilitation de l’Aérium. Au premier plan, Claude Gautier.

L’association des 4 A (Association des amis de l’Aérium d’Arès dépose ses statuts en 1988. Objectif : réhabiliter l’Aérium. Le secouer, lui rendre vie. Christian Darriet préside cette association, ils sont une centaine autour de lui, dont Claude Gautier. Qui ajoute : « Cet endroit est puissant. Pendant la guerre, des enfants juifs ont été cachés ici. Juliette Greco est venue s’y réfugier. Quelques années après, elle y fut surveillante. »

« Nous avons craint que le bâtiment ne soit rasé, reprend Christian Darriet, et en 2000 nous avons obtenu avec l’aide de la famille Wallerstein l’inscription à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Il représente le seul patrimoine local de la ville d’Arès. Les architectes Charles Duval et Emmanuel Gonse ont réalisé les bâtiments, les fresques murales du peintre Henri Marret à l’intérieur sont intactes. »

Plus d'infos sur http://4a-aerium-ares.com/

 

Source : journal SUD-OUEST - Auteur : Isabelle Castéra le 15/08/2013


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