Les échassiers landais

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mercredi 15 février 2006

Les échassiers des landes de Gascogne étaient vraiment de drôles d’oiseaux ! Tout d’abord parce qu’ils avaient 3 pattes. Car comment rester en équilibre perché sur des échasses (« tchanques » en patois) de parfois 1,70 de haut du matin au soir sans bouger ? Alors les échassiers avaient une « troisième jambe », une grande canne (« pau » en patois) avec un pommeau sur laquelle ils s’asseyaient. Leurs trois pattes devenaient alors un trépied stable. Leur long bâton leur servait aussi à se mettre debout en partant de la position à genoux et à redescendre de leur perchoir par un mouvement inverse. C’était des costauds et de sacrés équilibristes ! Et quand ils se déplaçaient, il ne fallait pas se prendre les pieds dans un obstacle. Sinon, gare à la chute ! Leur canne leur servait alors à se retenir.

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Les bergers landais, les « tchancayres », se hissaient le matin avec leur barda pour la journée en bandoulière : Une gourde (« cujou » ou « cujole ») faite d’une courge séchée et évidée et une musette (« sarroun » ou « malete ») pour le casse croûte. Que faisaient ils pour meubler les longues heures à surveiller le troupeau ? Ils filaient la laine de leurs moutons ou … tricotaient ! Le tricot n’était alors pas un « ouvrage de dame » mais un ouvrage d’homme ... La laine était contenue dans un sac (« potche à tèche »). L’hiver ils se couvraient d’une pelisse en peau de mouton avec les poils à l’extérieur, dite « prisse » quand elle est longue, « prissoun » ou « raouboun » quand elle est courte. Dans certaines régions ils utilisaient aussi une pèlerine en laine, tricotée par eux-mêmes bien sûr, avec un capuchon (« cape » ou « roupe »). Sans oublier le célèbre béret (« beuret’ ») vissé sur leur tête pour se protéger du soleil en été et de la pluie en hiver !

Parfois ils tuaient le temps à jouer d’une petite flûte à 6 trous (« pifre ») en sureau ou en roseau. C’était un instrument de musique économique et facile à transporter dans la poche. Les plus fortunés avaient une sorte de hautbois à embouchure en corne, la « tchalamine ». Ils jouaient des airs de rondeau. Le dimanche de petits groupes se réunissaient au village et dansaient en jouant de la musique, juchés bien entendu sur leurs tchanques.

A la fin du 19ème siècle les bergers avaient pratiquement disparu. Les landes avaient été plantées en pins et les moutons n’avaient plus de pâturage. Les échasses sont alors devenues un sport et un spectacle. On organisa des courses et des divertissements au cours desquels les échassiers faisaient preuve d’équilibre et d’adresse.

Sylvain DORNON, originaire de Salles et boulanger à Arcachon, a laissé dans ce domaine son nom à la postérité. Il monta une troupe de spectacle pour divertir les « estrangeys » (étrangers) qui fréquentaient Arcachon et se montraient généreux envers ces étonnants « tripèdes » rustiques vêtus de peaux de mouton, certains pieds nus. Pour se faire de la publicité il va à Paris pendant l’Exposition Universelle de 1889 et grimpe, en échasses, en haut de la Tour Eiffel flambant neuve ! Mais ce n’est pas suffisant à son goût. Alors en 1891 il profite de l’Exposition Universelle de Moscou pour s’y rendre sur ses « tchanques ». Il monte à Paris en train et en part le 12 mars de la place de la Concorde au milieu d’une foule immense, sur ses échasses. Les anecdotes sur son périple sont nombreuses. Il arrive triomphalement à Moscou le 10 mai après 58 jours de marche. Son retour par le train à Arcachon le 28 juin passe complètement inaperçu ! Comme quoi nul n’est prophète en son pays …

Sylvain DORNON parcourra encore pendant 10 ans des milliers de kilomètres en échasses à travers la France mais mourra prématurément à 42 ans. Il avait lancé la mode des exhibitions d’échassiers. Outre des spectacles, des courses d’endurance furent organisées un peu partout dans la région et même des compétitions entre chevaux et échassiers ! Celle du 3 au 7 mai 1895 sur 424 kilomètres (Bordeaux-Périgueux-Saintes-Bordeaux) vit la victoire du cheval Charlatan en 72 heures et 27 minutes. Il ne devançait l’échassier Fauconneau, cultivateur illettré de Lanton, que de 33 minutes ! Il n’avait dormi que 25 minutes … Les deux autres échassiers engagés arrivèrent quelques heures plus tard. Charlatan fut le seul cheval à rejoindre l’arrivée …

Les échassiers des landes de Gascogne étaient vraiment de drôles d’oiseaux …

SL


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