Les dernières décennies ont-elles doté la ville d'Arcachon d’un patrimoine digne de son passé ?
Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais les journalistes ou autres observateurs et même les politiques restent curieusement silencieux sur le cas du Marché-Parking du centre.
Silence radio le plus complet.
Voilà un équipement construit en béton, c’est-à-dire fait pour durer, que nous allons démolir le mois prochain.
Il aura duré 30 ans !
A Arcachon, on construit pour 30 ans ! Et en béton ! Tout le monde ne peut pas être Louis XIV…
Nos parents se sont saignés pour payer cette construction avec leurs impôts. Les nôtres aujourd’hui vont servir à financer sa démolition. Cette verrue, véritable insulte au bon goût architectural, aura décidément coûté cher aux contribuables. Ce n’est pas tant l’erreur qu’elle représente qui m’agace. Je connais le dicton : il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas d’erreurs. Les erreurs sont inévitables, ce qui m’est, à moi, insupportable, c’est l’absence de sanctions.
Ceux qui ont fait construire cette horreur avec l’argent du peuple ne seront jamais sanctionnés. Cela m’est insupportable parce que c’est un véritable scandale. A partir de là, pourquoi l’erreur ne se reproduirait-elle pas ?
Heureusement, je ne suis pas le seul à me scandaliser ainsi. D’autres le font qui proposent même des solutions :
« Je suis un fervent partisan de la décentralisation. Encore conviendrait-il que les nouveaux barons qu'elle adoube ne s'estiment point propriétaires de leur fief, mais dépositaires, transitoires et révocables, d'un bien qui ne leur appartient pas et dont la valeur les dépasse. Pour marquer le coup, je proposerais volontiers que les grandes aberrations qui défigurent notre rivage empruntent à jamais - dans la mesure où elles ne sont pas réversibles - le nom de leurs auteurs. Trébeurden s'appellerait ainsi Port-Guénnec, Portrieux deviendrait Port-Josselin, le Crouesty Port-Marcellin (l'ancien chef de la contre-guérilla urbaine dans les années post-soixante-huitardes est devenu le Fidel Castro du Morbihan). Quant au Midi, ce serait un régal : la moindre crique, la moindre calanque serait égayée d'un patronyme glorieux. Et les enfants des écoles, trois générations plus tard, sauraient que ce tas d'ignominie qui défie le bon sens, le bon goût, et la modestie des hommes devant la nature, fut l’objet d’études, de délibérations, de trocs et de paraphes. Excellente leçon d’instruction civique[1]. »
Rappelez-moi le nom honteux dont il aurait fallu affubler cette horreur au centre d’Arcachon prématurément abandonnée aux marteaux-piqueurs des démolisseurs ?
Dans son article Sud-Ouest pose une question qui de la forme interrogative dérape vite vers la forme affirmative : « Formeront-elles [les façades des nouvelles maisons] le patrimoine local futur où l’on trouvera certainement la jetée Thiers, la halle du port et la façade de l’Olympia où le verre se mêle à la pierre ancienne. »
Pour ceux qui ne savaient pas que Sud-Ouest est un journal qui sert la soupe, les voilà au courant.
Même si le journaliste oublie bêtement l’école Jeanne d’Arc dans son énumération. Il va se faire tancer par son rédac-chef, celui-là… Heureusement que l’on a Sud-Ouest pour nous aider à distinguer le bon goût du mauvais.
Seul le monopole dans lequel évolue ce journal lui permet ainsi sans risque de prendre ses lecteurs pour des imbéciles. Pour ma part, et n’en déplaise à Sud-Ouest, la façade du nouvel Olympia, pour ce que j’en ai vu, ne me convainc pas. Si je devais en définir le style, je le qualifierais de gare TGV. Après tout, dans une ville qui doit sa naissance au chemin de fer, il est sans doute normal de privilégier le style ferroviaire. Mais des goûts et des couleurs…
Bonne journée.
Jean-Pierre Ardoin Saint Amand
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