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Insecticides et pesticides. Entrons vite en action !

mercredi 8 août 2007
Nous n'allons pas revenir sur la politique d'urbanisation actuelle du Bassin qui est une aberration envers cet écosystème fragile et unique mais maintenant que nous sommes si nombreux et devant le fait accompli, il va falloir se serrer les coudes et passer à l'action.

Nous c'est : les agriculteurs, les professionnels du bâtiment, les professionnels du nautisme et nous tous propriétaires (ou locataires) de bateaux, de maisons et de jardins.

Pourquoi ? Et bien parce que ces produits nocifs que nous utilisons pour l'entretien de nos biens se déversent irrémédiablement dans la nature, dans le Bassin d'Arcachon et parce que ce qui se trouve dans la nature, immanquablement, nous le touchons, nous le respirons, nous le mangeons.

Vive le bio, mort à la chimie.

P.Ransinan


Etat de la contamination de la région du Bassin d’Arcachon par les insecticides et les herbicides sur la période 2005-2006. Impact environnemental. Résultat de l'étude menée de 1999 à 2003 inclus puis en 2005 et 2006.

La présence d'un certain nombre de molécules, principalement des herbicides, a été mise en évidence dans les eaux (rivière, ruisseaux et Bassin) et leur origine a généralement pu être identifiée. Certaines substances proviennent d'usage agricole ou d'entretien d'espaces verts ; d'autres sont d'origine nautique (peinture antisalissure protégeant la carène des bateaux). Les concentrations en herbicides à usage agricole (notamment l’atrazine, l’alachlore, et le métolachlore) sont généralement assez faibles, notamment parce que les traitements utilisant ces molécules sont principalement réalisés au printemps.

Toutefois, ces analyses ont permis de mettre en évidence quelques pics estivaux de contamination notamment en produits dont l'usage avait récemment été interdit (néburon) ou était en passe de l'être (terbuthylazine), indiquant probablement une décharge sauvage de ces produits dans certains cours d'eau.

En ce qui concerne les biocides d'origine nautique (diuron et irgarol utilisés dans les peintures antisalissure), on observe un bruit de fond de contamination pendant la majeure partie de l'été. Le diuron est également utilisé en agriculture et pour le désherbage des espaces verts publics et privés.

 

Résultats concernant les pesticides

le chlorpyrifos-éthyl

D'après une enquête du CTBA réalisée en 2006 et les calculs de pression réalisés par Laulhère (2006), le chlorpyrifos-éthyl est la substance la plus utilisée contre les termites par les entreprises certifiées sur les pourtours du Bassin d'Arcachon. En raison du taux d'infestation important de la région par ces insectes sociaux et du très fort taux d'urbanisation sur le Bassin d'Arcachon (en moyenne depuis 5 ans, 1930 permis de construire déposés annuellement), les quantités épandues pourraient être très importantes. Dans ces conditions, ce contaminant pourrait ensuite être repris par la nappe phréatique superficielle (nappe plio-quaternaire très peu profonde et transitant par des sables perméables) et parvenir au Bassin d'Arcachon.
- Niveaux de présence du chlorpyrifos-éthyl dans le Bassin d'Arcachon En 2005-2006, on n'a pas retrouvé dans l'eau du Bassin les fortes concentrations en chlorpyrifos observées en juillet 2003. Entre mai 2005 et mai 2006, le chlorpyrifos et/ou son métabolite le TCP ont été observés dans tous les ruisseaux à plusieurs occasions, de façon sporadique et toujours à de faibles concentrations (< 15 ng/l). Etant donné les probables grandes quantités de ce produit utilisées dans la lutte antitermites, on peut penser que cette omniprésence, surtout dans les eaux, est, au moins en grande partie, liée à cette activité. Toutefois, son utilisation dans le cadre de la culture de légumes, en extension autour du Bassin, n'est peut être pas à négliger.

En raison de la forte écotoxicité du chlorpyrifos, ses usages autour du Bassin d'Arcachon devraient être suivis et toutes les mesures devraient être prises afin d'éviter une pollution chronique pouvant entraîner un risque environnemental.

En tant que substance prioritaire de la DCE, le chlorpyrifos va faire l’objet d’un contrôle de surveillance sur l’ensemble des masses d’eau européennes (eaux souterraines, lacs et rivières, estuaires et eaux marines).

La Bifenthrine

La bifenthrine est un insecticide appartenant à la famille des pyréthrinoïdes.
- Sources potentielles de bifenthrine dans le Bassin d'Arcachon
Agriculture Ce pesticide est utilisé sur de très nombreuses cultures, notamment sur les cultures légumières (asperges5, haricots) , le maïs et les autres céréales.
Jardiniers amateurs et communaux D'après l'enquête de Laulhère (2006), la bifenthrine est la molécule la plus utilisée par les communes limitrophes du Bassin d'Arcachon (4,8 % des 1730 kg de produits phytosanitaires épandus annuellement). Il s'agit également d'une des six molécules insecticides les plus vendues dans les jardineries (Julie Laulhère, comm. Pers). Les fortes concentrations en bifenthrine mesurées dans les cours d'eau, dans l'Eyre notamment, traduisent sans doute une contamination d'origine agricole, qu'il serait utile d'investiguer d'avantage.

Le Fipronil

Le fipronil est un insecticide de la famille des pyrazoles.
- Sources potentielles de fipronil dans le Bassin d'Arcachon
Agriculture Jusqu'en 2003, le fipronil était utilisé pour traiter les céréales (enrobage des semences ou microgranulés) ainsi que pour les traitements des sols. En se fondant sur le rapport de la Commission des toxiques en agriculture qui fait état de "l'insuffisance d'informations permettant de caractériser notamment le comportement du fipronil dans l'environnement et ses conséquences sur la faune sauvage", le ministre en charge de l'agriculture a adopté diverses mesures à l'encontre de plusieurs préparations à usage agricole contenant du fipronil. En France, par une décision en date du 24 février 2004, publiée au Journal officiel par un avis du 27 février 2004, il a été procédé : 
- au retrait des autorisations provisoires de vente pour tous les usages des produits Régent TS et Régent 5 GR
à la suspension des autorisations de mise sur le marché pour tous leurs usages jusqu'à ce que la décision communautaire relative à l'inscription de la substance active fipronil intervienne des produits Schuss, Jumper, Metis, Texas et Zoom,
à l'attribution d'un délai d'écoulement jusqu'au 31 mai 2004 à la distribution et à l'utilisation des stocks de semences traitées avec les produits Régent TS, Jumper, Métis, Texas, et Zoom.
Un arrêté du 19 avril 2005, publié au Journal officiel du 24 avril 2005 complète ce dispositif en interdisant l'utilisation :
des produits phytopharmaceutiques contenant du fipronil ayant des usages en traitement du sol dans le cadre de la lutte contre les taupins et les charançons,
des semences traitées avec des produits contenant du fipronil.
Usage domestique et vétérinaire Le fipronil est utilisé dans des préparations à usage vétérinaire (spray anti-puces) ainsi que dans des substances à usage domestique, contre les puces, les cafards et les fourmis. A priori, ces usages n'ont pas récemment été soumis à restriction.
Lutte anti-termites D'après le CTBA, le fipronil est l'un des deux insecticides les plus utilisés sur les pourtours du Bassin d'Arcachon. A l'heure actuelle, il n'existe pas de restriction d'usage du fipronil dans le cadre de la lutte anti-termites : l'une des spécialités présentes dans la liste récente des produits de traitement certifiés CTB-P+ (CTBA, 10 janvier 2007) contient ce pesticide.
- Niveaux de présence du fipronil dans le Bassin d'Arcachon
Le fipronil ou ses métabolites ont été très sporadiquement détectés dans deux cours d'eau : l'Eyre (teneur inférieure à la limite de quantification) et ruisseau du Bétey, au mois de janvier 2006.

Le Perméthrine

La perméthrine est un insecticide de la famille des pyréthrinoïdes.
Agriculture La perméthrine est utilisée sur le maïs, sous forme de micro-granulés, et sous forme liquide, dans de nombreux usages, dont l'arboriculture.
Traitement des bois Le perméthrine est l'un des insecticides les plus utilisés dans ce type d'usage. Il rentre notamment dans la composition de différentes lasures pour la protection des bois extérieurs.
Usages domestiques La perméthrine rentre dans la composition de différents produits à usage domestique, pour lutter contre les mouches, par exemple.
Lutte anti-termites D'après l'enquête réalisée par le CTBA, la perméthrine serait actuellement peu utilisée à cet usage autour du Bassin d'Arcachon.
- Niveaux de présence de la perméthrine dans le Bassin d'Arcachon
La perméthrine a été mise en évidence à une seule occasion dans l'un des ruisseaux échantillonnés, la Berle de Cassy.

Autres insecticides

La cyperméthrine a été détectée à deux reprises dans les échantillons : dans la Berle de Cassy, en octobre 2005 (8,3 ng/l) et à Comprian, en mars 2006 Ce pesticide est très largement utilisé en agriculture (nombreuses cultures dont maïs), dans la lutte anti-termites (peu usité sur le Bassin d'Arcachon), par les jardiniers amateurs, et rentre dans la composition de nombreux produits de traitement des bois.
Le chlorfénapyr a été détecté à une seule occasion dans le Ruisseau du Bourg, à une concentration de 17 ng/l, et n'a jamais été mis en évidence dans les eaux du Bassin d'Arcachon. Il s'agit d'une matière active insecticide de la famille des pyrolles, dont la lutte antitermites constitue le seul usage autour du Bassin. L'utilisation de ce pesticide, contenu dans une spécialité utilisée contre le charançon du cotonnier au U.S.A., n'est pas autorisée au Canada et en Europe.

Conclusion sur les insecticides

Tous les insecticides recherchés dans le cadre de cette étude ont été mis en évidence, au moins à une occasion. Certains produits (ou leurs métabolites) présentent une occurrence assez forte dans les eaux du Bassin. Les concentrations de bifenthrine mesurées dans l’eau sont particulièrement élevées puisqu’elles atteignent 2600 ng/l dans l’Eyre traduisant un risque environnemental lié à cette substance, aussi bien dans les cours d'eau que dans le Bassin.

D'autres insecticides sont apparus de façon beaucoup plus sporadique : cyperméthrine, chlorfénapyr et lindane (à une teneur inférieure à la limite de quantification). La plupart de ces produits présentent dans les eaux du Bassin, pendant un temps plus ou moins long dans l'année.

Les teneurs sont toujours largement inférieures au seuil de toxicité pour les poissons et les huîtres, y compris pour leurs jeunes stades (embryon ou naissain). L'épisode de contamination des eaux du Bassin par le chlorpyrifos en juillet 2003 (concentrations>PNEC, impliquant un risque environnemental) était donc probablement accidentel.

Pour la plupart de ces insecticides, il n'existe pas de certitude sur la responsabilité des traitements anti-termites sur leur occurrence dans le Bassin, étant donné que la plupart d'entre eux peuvent provenir de plusieurs sources. S eul le chlorfénapyr (pas d'autres usages sur le Bassin) peut exclusivement provenir de l'usage anti-termites.
- Le chlorpyrifos-éthyl est massivement utilisé dans la lutte anti-termites, mais peut également provenir de sources agricoles.
-
Le fipronil est également utilisé dans la lutte anti-termites sur le Bassin. Cet insecticide a également été utilisé à des fins agricoles jusqu'à une date récente.
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La bifenthrine (peu utilisée dans la lutte anti-termites, d'après le CTBA) provient probablement de l'agriculture et des traitements réalisés par les jardiniers communaux.
La perméthrine (peu utilisée dans la lutte anti-termites, d'après le CTBA) peut également provenir de l'agriculture et du traitement des bois.
La cyperméthrine (peu utilisée dans la lutte anti-termites, d'après le CTBA) peut également provenir de l'agriculture et des traitements des jardiniers amateurs.

Il faut souligner qu'il aurait également convenu de s'intéresser aux autres insecticides (non certifiés CTB-P+) potentiellement utilisés par les entreprises impliquées dans le détermitage : endosulfan, malathion et thiamethoxame. Cette information nous est parvenue trop tard pour inclure ces insecticides dans les listes des substances recherchées.

Par ailleurs, selon une information récente provenant du CTBA, il semblerait que dans le domaine du traitement anti-termites des constructions, des quantités très importantes de produits anti-termites ont été / sont utilisées par les maçons. Ces produits ne sont pas certifiés et le CTBA ne dispose pas d'une vision précise de leur nature et des quantités utilisées. Les insecticides utilisés sont très probablement : lindane, chlorpyrifos, perméthrine, cyperméthrine, endosulfan, (malathion).

Du point de vue des usages anti-termites des insecticides ciblés dans cette étude, la situation devrait s'arranger significativement à partir du 1er décembre 2007, grâce à l'application du second décret de la loi termites qui rendra obligatoire, en préconstruction, l'utilisation de techniques de protection autres que celles nécessitant l'épandage d'insecticides dans les sols. Même si ces techniques d'épandage ne sont pas interdites, il est peu probable que les entreprises réalisent un double traitement avant construction.

Cette mesure pourra être renforcée par une interdiction de l'épandage sur les communes riveraines du Bassin d'Arcachon (P. Capdeville – SIBA, comm. Pers.)

Le suivi des teneurs en chlorpyrifos dans les eaux sera entrepris à partir de 2008 dans le cadre de la DCE. Ces résultats permettront de juger de l'efficacité de ce décret sur la contamination des eaux du Bassin par cette molécule. Néanmoins, on peut s'interroger sur les concentrations futures des autres substances insecticides mises en évidence dans cette étude et qui ne sont pas prises en compte dans la DCE, notamment la bifenthrine et le fipronil, mais également toutes celles qui n'ont pas été recherchées en 2005-2006.


Résultats concernant les herbicides

Le Diuron

Le diuron est une substance moyennement soluble, se retrouvant très majoritairement dans l'eau.
- Sources potentielles de diuron dans le Bassin d'Arcachon
Le diuron est un herbicide sélectif très largement utilisé en agriculture sur la luzerne, la vigne, les asperges, les lentilles, les poiriers et les pommiers. L'enquête réalisée par Laulhère (2006) ne révèle pas l'usage de ce produit sur les cultures pratiquées sur les bassins versants de la Baie.  D'après l'enquête de Laulhère (2006), le diuron ne serait pas utilisé par les jardiniers communaux ni les gestionnaires des golfs. Cet auteur n'a pas pu recueillir d'information sur l'usage de ce produit par les jardiniers amateurs. Selon la même enquête, le diuron serait par contre, largement utilisé pour le désherbage des voies de la SNCF, ce composé représentant 23 % (soit 70 Kg) de la masse d'herbicides utilisés à cet effet sur les bassins versants. Enfin, le diuron est l'une des molécules utilisées dans la formulation des peintures antisalissures.
- Niveaux de présence du diuron dans le Bassin d'Arcachon
Dans les deux cours d'eau traversant des zones urbaines (Ruisseaux du Bourg et du Bétey), le diuron est observé pendant toute la période d'étude (septembre 2005-mai 2006)

De même que pour le chlorpyrifos, le diuron va faire l’objet d’un contrôle de surveillance sur l’ensemble des masses d’eau européennes, y compris les eaux marines.

Irgarol

L'irgarol est une molécule algicide de la famille des triazines. Il présente une solubilité moyenne.
Sources potentielles d'irgarol dans le Bassin d'Arcachon
L'irgarol est un des composants utilisés dans la composition de certaines peintures pour les murs extérieurs. En outre, c'est un des pesticides utilisé en remplacement du tributylétain dans les peintures antisalissures. A priori, cet usage constitue la principale source d'irgarol 1051 dans le Bassin d'Arcachon. Les enquêtes réalisées entre 1997 et 1999 (Auby et Maurer, 2004) ont permis de calculer la quantité d'irgarol 1051 utilisée annuellement à cet usage, s'élevant à 30 kg au maximum.

Ce composé a été mis en évidence dans l'eau des deux stations du Bassin (Jacquets et Comprian) pendant tout l'été 2005, de juin à septembre, à des concentrations un peu plus élevées à Comprian (maximum 66 ng/l) qu'aux Jacquets (maximum 56 ng/l). Cette apparition estivale s'explique par l'usage sans doute exclusivement nautique de ce produit . D'autre part, sa forte résistance à la dégradation explique sa persistance dans les eaux pendant tout l'été.

métolachlore

Le S-métolachlore est un herbicide appartenant à la famille des chloroacétamides. Il est très soluble, a tendance à se retrouver facilement dans l'eau
- Sources potentielles du S-métolachlore dans le Bassin d'Arcachon
A priori, la principale source de S-métolachlore dans le Bassin est d'origine agricole. Ce désherbant sélectif est utilisé sur de nombreuses cultures de céréales, dont le maïs et les haricots. Sur le maïs, ce produit serait utilisé en pré-semis et en post-levée, c'est à dire entre fin mars et mai. Alors qu'il n'est pas homologué pour ces usages, le métolachlore pourrait également être utilisé comme désherbant total ou comme débroussaillant (en bordure de parcelle agricole ou dans les fossés), en substitution aux triazines récemment retirées d'homologation (F. Delmas – CEMAGREF, comm. pers.). Une étude post-homologation du S-métolachlore est en cours, avec deux objectifs :
- la
détermination de la pertinence des métabolites, et les retraits d'usage si nécessaire.
- Niveaux de présence du S-métolachlore dans le Bassin d'Arcachon
Entre décembre 2005 et mai 2006, le S-métolachlore a été observé en permanence dans l'Eyre et le ruisseau du Bourg, à des concentrations parfois assez élevées (330 ng/l) dans ce dernier. Dans la Berle de Cassy, il est apparu de manière très sporadique et n'a jamais été mis en évidence dans le ruisseau du Bétey.

Alachlore

L'alachlore est un herbicide systémique de la famille des chloroacétamides. Il est relativement soluble.
- Sources potentielles d'alachlore dans le Bassin d'Arcachon
La principale (seule?) source d'alachlore dans le Bassin est l'agriculture. Ce produit est très largement utilisé sur les cultures de maïs.
- Niveaux de présence de l'alachlore dans le Bassin d'Arcachon
L'alachlore n'a qu'exceptionnellement été mis en évidence dans les cours d'eau à bassin versant principalement urbain, alors qu'il a été détecté à toutes les saisons dans l'Eyre, atteignant des concentrations maximales en avril-mai 2006. Ce phénomène confirme l'origine surtout agricole de ce composé.

L’alachlore va faire l’objet d’un contrôle de surveillance sur l’ensemble des masses d’eau européennes, y compris les eaux marines.

Terbuthylazine

La terbuthylazine est un herbicide appartenant à la famille des triazines. Il s'agit d'une molécule peu soluble, se retrouvant facilement dans l'eau.
- Sources potentielles de terbuthylazine dans le Bassin d'Arcachon
En agriculture, la terbuthylazine était utilisée principalement sur la vigne, le maïs et certains arbres fruitiers. Par ailleurs, elle était utilisée comme désherbant des allées des parcs et trottoirs. Son usage pour le désherbage de la vigne a été interdit en septembre 2003, avec un délai d'écoulement des stocks jusqu'au 31 décembre 2003 pour la distribution, et jusqu'au 30 juin 2004 pour l'utilisation. Pour les autres usages, les herbicides contenant de la terbuthylazine ont été interdits à la commercialisation à partir du 30 septembre 2002, et interdits à l'utilisation à partir du 30 juin 2003.
- Niveaux de présence de la terbuthylazine dans le Bassin d'Arcachon
Cet herbicide n'a jamais été détecté dans les cours d'eau échantillonnés au cours de cette étude. La terbuthylazine a été détectée à une occasion dans les eaux de la station Comprian, mais à une faible concentration.

Conclusion sur les herbicides

Tous les herbicides recherchés dans le cadre de cette étude ont été mis en évidence, au moins à une occasion, dans les échantillons analysés. Certains produits présentent une occurrence assez forte dans les eaux des ruisseaux et/ou du Bassin : diuron, irgarol, métolachlore, alachlore. D'autres herbicides sont apparus de façon beaucoup plus sporadique : terbuthylazine, et oxadiazon (exclusivement dans les cours d'eau). La plupart de ces herbicides n'atteignent pas des niveaux susceptibles d'influencer négativement la production ou l'abondance des microalgues dans les eaux du Bassin.
Seul l'irgarol (biocide d'origine nautique, via les peintures anti-salissures), en raison de sa très forte écotoxicité pour certaines microalgues, présente pendant l'été des teneurs qui peuvent limiter leur production dans les eaux.

Conclusion générale et perspectives

La première observation que l'on peut tirer des résultats acquis au cours de cette étude est la mise en évidence de toutes les molécules recherchées, au moins à une occasion, dans l'une des matrices échantillonnées. Plusieurs éléments permettent d'expliquer que les produits épandus sur les bassins versants du Bassin se retrouvent dans la Baie d'Arcachon :

Les sols des bassins versants sont principalement sableux, présentant donc une faible propension à absorber les pesticides, qui sont dès lors plus susceptibles d'être entraînés vers la lagune via le ruissellement.

La nappe phréatique superficielle est proche de la surface, ce qui facilite le lessivage des produits contenus dans les sols, y compris dans leurs niveaux supérieurs, via notamment les nombreux émissaires (26 ruisseaux et "crastes" -nom local des fossés-) débouchant dans le Bassin.

Par ailleurs, une fois parvenus dans le Bassin, les contaminants ont tendance à y demeurer assez longtemps, en raison des temps de résidence des eaux élevés. En effet, comme l'ont démontré les travaux de Plus et al. (2006), le temps de résidence des eaux orientales du Bassin varie entre 60 et 90 jours.

Il s'avère nécessaire de prendre en compte ces spécificités pour gérer l'utilisation de ces produits sur les bassins versants de la Baie.

Les concentrations en insecticides mesurées dans les eaux du Bassin ne sont pas élevées, mais toutes les molécules recherchées ont été identifiées, parfois au dessous de la limite de quantification. Les observations réalisées pendant l'été 2003 (fortes teneurs en chlorpyrifos-éthyl) ne relèvent donc pas d'une situation chronique, mais probablement d'un "accident".

Cependant, en raison de leur forte écotoxicité, au moins pour les crustacés, certains insecticides atteignent des teneurs susceptibles de leur nuire (supérieures à la NOEC de la mysidacée marine Americamysis bahia). C'est notamment le cas du chlorpyrifoséthyl et de la bifenthrine.

La responsabilité des traitements anti-termites semble avérée en ce qui concerne la présence du chlorpyrifos éthyl dans le bassin, en raison des grandes quantités épandues dans les sols en pré-traitement avant construction. Comme évoqué à plusieurs reprises dans le texte, cette source de contamination devrait prochainement se tarir, grâce à l'application du second décret de la loi termites qui rendra obligatoire l'utilisation de techniques de protection autres que celles nécessitant l'épandage d'insecticides dans les sols.

L'origine des autres insecticides mis en évidence dans les échantillons (d'eau pour la bifenthrine, de fipronil pour les huîtres) est moins certaine, du fait que ces produits sont également utilisés à d'autres applications.

Les teneurs en herbicides mesurées dans les eaux du Bassin sont généralement inférieures aux seuils de toxicité déterminés pour les microalgues testées, sauf dans lecas de l'irgarol, molécule très toxique pour le phytoplancton, très rémanente, et dont l'utilisation dans le Bassin se limite aux peintures anti-salissures. Ce biocide semble présenter dans l'eau du Bassin des concentrations supérieures à ce qui était mesuré par le passé et mériterait d'être suivi dans l'avenir.

La référence aux seuils et aux normes de qualité actuels ne montre pas de risque environnemental particulier pour les molécules considérées individuellement. La prise en compte des effets des mélanges de molécules est abordée dans l’estimation du risque environnemental en additionnant les scores de risque de l’ensemble des molécules identifiées. Ceci n’est envisageable que pour les molécules dont les PNEC ont fait l’objet d’un consensus. Dans les quelques situations où les molécules disposant d’une PNEC reconnue (alachlore + diuron + chlorpyrifos) sont détectées de manière concomitante, la somme des risques reste inférieure à 1 mais de nombreuses molécules retrouvées simultanément ne disposent pas encore de PNEC validées et on ne peut pas écarter la possibilité d’un risque lié à l’ensemble des contaminants.

Les résultats acquis au cours de cette étude permettent de tirer un certain nombre de leçons pour la mise en place d'un éventuel réseau de suivi des pesticides dans le Bassin d'Arcachon.

Toutes les molécules recherchées dans le cadre de ce travail ont été mises en évidence au moins dans un échantillon. La constitution des listes de pesticides à rechercher dans le Bassin est l'étape primordiale. Ces listes, bâties à partir du recensement des différents usages des produits utilisés aussi bien à terre que dans l'eau de la Baie, doivent également prendre en compte les utilisations auxquelles on ne pense pas à priori (traitements des bois, jardiniers amateurs par exemple).

Sources IFREMER Isabelle AUBY / Gilles BOCQUENE / Françoise QUINIOU / Jean Paul DRENO Mars 2007


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 Bonjour, Veuillez trouver ma réaction suite aux déclarations du Président de la République s’adressant aux ostréiculteurs le 24 août dernier lors de son passage à Arcachon. « Je veux une analyse approfondie de la situation écologique du Bassin […] » « J’ai demandé au ministère de l’agriculture de créer un groupe de travail sur le Bassin […]» « […] on rendra publique cette étude, on vous associera à ses conclusions et, à ce moment-là, on décidera si ça vient du traitement anti-termites à terre, […] si ça vient de la combustion d’hydrocarbures […], si ça vient des peintures anti-salissures ou de la réduction de la température… » . Nous n’en demandions pas plus, et que dire de mieux sinon qu’il faut que ce soit le Président en personne qui vienne sous un pin « rendre la justice » ! Mais en attendant ces résultats, au nom du principe de précaution, l’interdiction de la dispersion dans l’environnement de tous ces pesticides et des mesures de sauvegarde auraient dû depuis longtemps être prises : En 1997 « l’étude intégrée du Bassin d’Arcachon » mettait en garde les conséquences de l’augmentation possible des hydrocarbures, or le nombre de bateaux ne cesse de croître et les moteurs 2 temps ne sont toujours pas interdits. Dés 2001, Ifremer détectait pour la première fois le chlorpyrifos-ethyl, pesticide utilisé massivement dans la lutte contre les termites. En 2003, la concentration en chlorpyrifos mesurée au mois de juillet était largement supérieure à la NQE (Norme de qualité environnementale) préconisée par la directive cadre sur l’eau. Si depuis, une concentration aussi importante que celle de 2003 n’a été retrouvée, aucune mesure n’a été prise malgré la demande des Verts par sa représentante au SIBA. Quant à l’Irgarol, on connaît sa présence et son impact, ainsi que d’autres pesticides tout aussi présents dans le Bassin, depuis l’étude sur la reproduction des huîtres creuses dans le Bassin d’Arcachon 1999-2003 (Programme Ifremer SURGIA, co-financé par l’Europe, le Conseil régional, le Conseil général, le SIBA). Il ne s’agit pas pour les écologistes de tout faire interdire et de monter les catégories les unes contre les autres, mais d’appliquer les principes même du développement durable, aujourd’hui mis à toutes les sauces mais que l’on oublie souvent au bénéfice du profit immédiat. Le développement économique ne peut plus se faire seul, sans la prise en compte à part égale de son impact social et écologique. C’est le trépied indispensable à l’évolution de notre monde moderne. Michel DAVERAT Conseiller régional
 
Michel DAVERAT

 Je trouve étrabgement que l'on ne parle jamais des cultures dans des pinèdes arrachées où l'on trouve du maïs,du blé et autres céréales, mais aussi des cultures florales qui se font tout autour du bassin et par la nappe phréatique parviennent dans les ruisseaux et rivières qui s'y déversent. Le lobby agricole aurait il la haute main sur la presse et les officiels? J'au connu la bassin au début des années 6O où toutes les communes déversaient leurs affluents dans le bassin, puis on a mis en route le programme d'assainisement tout autour avec un déversement en mer au droit d'une plage qui était prédestinée; La Salie!(ça ne s'invente pas!) Il faudrait orienter tous ces officiels à oeillères vers ces pistes agricoles. Bon courage. Ils ont les bras longs et avec les subventions européennes les moyens d'arroser là où il faut!
 
louis.lauzin@wanadoo.fr

 Bravo Louis Lauzin pour cette réaction ! Je suis 100% d'accord avec vous.
 
SL

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