Nous habitons les bords d'une petite mer intérieure, un éco-système exceptionnel, un milieu unique sur toute cette façade atlantique : garde-manger sur la route migratoire de milliers d'oiseaux, lieu de reproduction obligatoire pour quantité de poissons et crustacés, bassin ostréicole de première importance...
C'est une évidence qu'il nous faut protéger ces zones de vie et d'avenir. Pourtant, en l'espace d'une dizaine d'années, on a fait de cet espace sensible la deuxième agglomération urbaine derrière Bordeaux. Quelle connerie ! Et aujourd'hui c'est une autoroute qu'on nous construit à Gujan. Ailleurs, dans toutes les villes du Bassin, c'est la course à l'échalotte : on agrandit les zones artisanales, les lotissements... Ce n'est plus qu'un défilé incessant de camion-toupies, du béton ras la gueule.
J.Hazera
Voici ce qu'en pensent ,ou plustôt ce qu'en disent, certains de nos élus :
Point de vue par François DELUGA, maire du TEICH, commune du Bassin d'Arcachon
L’urbanisation a consommé les espaces naturels et le littoral a un rythme bien trop rapide, supérieur à toutes les autres agglomérations du littoral atlantique. Au bénéfice de qui ? Pas des habitants ! L’inflation du foncier a rendu les logements individuels inabordables pour les jeunes et les salariés. Les ostréiculteurs sont les témoins de l’évolution du Bassin, ils en sont aussi les principaux protecteurs. Quand l’étalement urbain progresse avec son impact sur le cadre de vie et la qualité du milieu, l’ostréiculture recule : le projet de marina de l’ancien maire de La Teste de Buch aurait fait disparaître les Prés Salés et le chenal de la Canelette ; les lotissements autour du Château Madère à Gujan-Mestras ont supprimé le peu d’espace naturel au bord du littoral,... les exemples ne manquent pas. Une vision « méditerranéenne » du Bassin progresse : entre Saint-Tropez, people compris, et Neuilly... Cette vision n’est pas nouvelle. Ce n’est pas la mienne. Dés les années 70, certains proposaient à la Mission Interministérielle pour l’aménagement de la Côte Aquitaine (MIACA) de multiplier les ports de plaisance et beaucoup pariaient sur la disparition de l’ostréiculture pour faire place nette aux promoteurs. Plus récemment, le Schéma de Mise en Valeur de la Mer a été modifié par l’Etat pour autoriser l’urbanisation du pied de la Dune du Pilat au cœur de la forêt usagère. Le Préfet s’était engagé à supprimer cette clause. Rien n’a été fait. Deux ans plus tard le site reste menacé. A chaque crise ostréicole la même pièce se rejoue sur ce théâtre d’ombres où les souris meurent. Ceux qui bétonnent en coulisses crient leur solidarité aux ostréiculteurs. Mais cette fois tous les élus devront choisir : la résignation ou le volontarisme, l’ombre ou l’action. Le Bassin d’Arcachon est notre patrimoine commun, à nous, les Aquitains. Il nous faut donc trouver une forme urbaine qui réponde aux enjeux du logement pour tous. Un modèle qui ne consomme pas les espaces naturels maritimes ou forestiers mais qui transforme les centres déjà bâtis. Les maires doivent limiter les zones constructibles et mettre un coup d’arrêt à l’étalement urbain dans le futur Schéma de Cohérence Territorial. Les Députés UMP doivent cesser de casser la loi littoral comme ils le font depuis 5 ans. La Région doit continuer à faire avancer à marche forcée, avec les ostréiculteurs, un programme de recherche. Ce que je demande à nos chercheurs, en tant que vice-président de la Région, c’est qu’ils répondent à cette question simple : de quoi meurent les souris ? Parce qu’elle est la dernière digue et qu’elle menace de céder, l’ostréiculture doit bénéficier immédiatement d’un soutien massif de l’Etat et des collectivités, un véritable plan Marshall. C’est un combat que nous n’avons pas le droit de perdre, même si les souris ne meurent plus. »
Source :
http://francois-deluga.com/
Point de vue par René SERRANO (sur la même question liée à celle des huîtres), Conseiller Général de la Gironde (canton de La Teste de Buch)
, Président de la Commission Départementale de l'Environnement, des Espaces naturels et du Littoral.
« Ce Bassin d'Arcachon est un territoire hors du commun, et je l'ai expliqué à l'envoyé du ministre. Cette crise doit nous faire réfléchir. Au-delà des "souris", l'ostréiculture et le Bassin lui même ne peuvent être mis en péril. On a dépassé les seuils, emballement immobilier, etc. A mon sens, le Bassin d'Arcachon peut bénéficier d'un statut spécifique, être "classé" comme "euro-site" par exemple. Il n'est pas trop tard pour que des fonds européens viennent conforter les mesures de protection...Nous ne pouvons plus, et les ostréiculteurs en premier, nous installer dans une situation d'incertitude durable. »
par Chantal Roman, journal Sud-Ouest du 22.09.2006
Source :
http://www.couleursbassin.com/
Point de vue par Michel SAMMARCELLI, maire de Lège Cap-Ferret, Président du SIBA
" Nous vivons dans un pays presque unique, qui a ses spécificités, son caractère. La nature nous transmet ses richesses, l'ostréiculture en est une, comme la pêche et le tourisme. C'est aussi notre culture, nos racines. Que serait le Bassin d'Arcachon sans nos villages en bois, les pignots, les parcs à huîtres, les bateaux plats. Nous avons, en échange, l'obligation de défendre tout cela...
... Quand on voit l'évolution, la poussée démographique, la pression foncière, l'attrait touristique, je m'interroge, jusqu'où devons-nous aller ? Où sont les limites ? ... Le Bassin d'Arcachon est ouvert à tous mais pas n'importe comment.
Source : Bernadette Dubourg, journal Sud-Ouest (05/01/06).
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