Tenez bon la barre.
En réponse à l’article de la Dépêche du Bassin du 16 au 22 décembre 2010
« 52 500 bernaches, est-ce une menace ? »
Notre association s’étonne de ce que l’article portant sur les évolutions des herbiers à zostères s’intitule « 52 500 bernaches, est-ce une menace ? », alors même qu’il indique que les bernaches ne consomment que le surplus de production du milieu.
Les travaux liés à la Commission Locale d’Information et de Surveillance qualité des eaux du Bassin d’Arcachon, à la mission du Parc Naturel Marin, au suivi du Schéma de Mise en Valeur de la Mer examinent les multiples problématiques relatives à la régression des zostères : il y est largement question de modification des paramètres physico-chimiques de l’eau, de facteurs climatiques, d’augmentation des herbicides, d’impacts des antifoulings. On constate aussi les impacts directs des déplacements de sédiments lors des dragages d’esteys et de ports. Autant de nombreuses causes d’origine anthropique, que la sur-urbanisation des rives du Bassin ne peut qu’aggraver.
On a aussi vu des herbiers de spartines maritime, une autre espèce de haute valeur écologique et patrimoniale, mystérieusement « brûlés ». Et aucun oiseau n’en est la cause.
D’ailleurs, il est important de ne pas confondre les deux espèces de zostères qui peuplent le Bassin : la zostère marine, profonde, toujours sous l’eau, est celle qui a le plus régressé (73% de 1988 à 2008, nous disent les chercheurs.)
La zostère noltii, ou zostère naine, qui tapisse l’estran est celle à laquelle ont accès les bernaches. Et c’est celle qui régresse le moins (33% de 1989 à nos jours.)
Alors pourquoi fustiger la Bernache cravant, si ce n’est pour vouer cette espèce menacée à être de nouveau chassée et détruite?
On sait qu’au début du 20ème siècle, le Bassin accueillait bien davantage d’anatidés –et bien davantage de zostères aussi. La Bernache relève d’une longue période d’extrême faiblesse. Elle a, cette année, connu une très faible reproductivité dans la toundra sibérienne. Elle est étroitement dépendante de l’écosystème et des ressources alimentaires qu’il produit.
Il est de la plus haute importance, pour la survie des bernaches, que les vraies causes de régression des herbiers soient découvertes et résolues.
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage : accuser les bernaches de dégrader l’écosystème dont elles font partie intégrante depuis toujours, serait sans doute le moyen d’en refaire une cible, un gibier. Mais prélever 10% d’une espèce protégée qui, il y a très peu de temps, était en voie de disparition, qui peut l’être encore, dont le succès reproductif est très aléatoire et dont les ressources alimentaires sont incertaines serait criminel.
En revanche, la rapide réduction des causes anthropiques d’altération de la qualité des eaux sont à notre portée. Et c’est urgent.
Pour Bassin d’Arcachon Ecologie, la présidente, Françoise Branger