Je ne dois pas être le seul à me souvenir d’un trio de dauphins croisant dans le bassin. Nous les voyions certains soirs, au retour d’une journée sur l’eau, nager et sauter, bref s’amuser
avec l’insouciance des enfants. Un jour, sur le balcon avant d’un voilier, j’observais l’un d’eux nageant le long de la coque,
le rostre au niveau de l’étrave et sa tête tournée pour me regarder. Cet œil en disait long de plénitude partagée.
Nous étions dans les années 90, 1900 biens sûrs et tout cela ne reviendra pas.
Je me souviens aussi, et c’est beaucoup plus récent, de l’ostréiculteur comptant sur sa table
une multitude d’écailles brillantes petites comme l’ongle. Du naissain d’huitre dont il remplissait
des poubelles pour une expédition vers d’autres bassins ostréicoles. Ceci reviendra sans doute, mais quand ?
Le temps qui passe n’est pas tendre avec nous ni pour les choses simples et douces
que nous pensions presque éternelles, elles s’évanouissent et passent entre nos doigts comme le beau sable du rivage.
Alors pour nous distraire et nous dire que rien n’est perdu, qu’il faut de l’enthousiasme,
de l’innovation, on nous met une queue de baleine sous le nez, une nageoire caudale de cétacé
qui sonde vers les grands fonds, au ras de la plage, devant le palais des congrès à Arcachon.
Tous les goûts sont dans la nature certes, mais il faudrait peut-être aussi respecter cette nature
pour revoir ce que nous avons connu.
L’an dernier, l’objet en question était blanc, une baleine blanche en stratifié ça peut amuser un moment.
Cette année elle est rose… quoique sans pois blanc je vous l’accorde !
Alain Fouladoux