Nous avons commencé l’an dernier une nouvelle recherche sur les chemins de Compostelle dans les pays de Buch et de Born ( nous avons déjà eu l’occasion de vous en parler) Suivant les indications aimablement fournies par Raphaël Vialard et Jacqueline Broustey.
Il y a quelques années lors de la préparation de notre premier livre « le Bassin d’Arcachon au temps des pinasses, de l’huître et de la résine » nous nous sommes efforcés de retrouver sur place les derniers vestiges du vieux pays de Buch, : anciennes mottes féodales , prieurés et chapelles, chemins de processions, marais salants, dunes ou jadis dansaient les sorcières, cabanes de résiniers, bergeries, vignes , fours , lavoirs, moulins , puits, fontaines miraculeuses, etc….Nos explorations nous ont permis de découvrir des chemin perdus dans la forêt, quelques murs vénérables au milieu des ronciers , mais le plus souvent, nous nous sommes retrouvés au milieu de banales constructions modernes, là où nous attendions des ruines romantiques pleines de mystère… !!
Pour le choix de ces voyages très sentimentaux, nous avons presque toujours suivi les indications fournies par « le Guide touristique d’Arcachon et du pays de Buch », d’ André Rebsomen édité en 1938, car il allie la clarté des descriptions et la précision de la documentation historique à un grand pouvoir d‘évocation poétique : avant la guerre, le monde ancien était toujours présent autour du Bassin, avec son caractère sauvage et rude, qui laissera derrière lui - avant de s’effacer pour toujours sous nos yeux - une profonde nostalgie. Cet ouvrage est accompagné d'une carte, réalisée par Rebsomen lui même , où figurent encore des fontaines, et des moulins aujourd'hui disparus .On comprend que l’auteur a toujours parcouru avec plaisir les itinéraires qu'il propose, à pied ou à bicyclette, afin de mieux en goûter le charme et le faire partager aux autres. On est aussitôt tenté de se lancer à sa suite sur des sentiers inconnus, ..... mais il est bien difficile d’ en retrouver quelques traces, au milieu du béton des lotissements contemporains. Les sources et les fontaines vénérées pendant des siècles ont disparu sous la broussaille ou se sont taries, faute d’être entretenues et aimées…..
En 1938, André Rebsomen décrit à Mios deux fontaines principales, la fontaine Saint Brice ( proche du confluent de la Surgenne et de la Leyre) et la fontaine Saint Jean située dans une prairie à l’est de l’église Saint Martin. Cette fontaine avait la propriété de guérir les maladies cutanées. Le jour de laSaint Jean, les pèlerins venaient nombreux à Mios, ils décoraient la croix avec des rubans et des couronnes de fleurs et de joncs et allumaient de grands feux dans la prairie. Certains d’entre eux passaient la nuit à la belle étoile, pour récolter à l’aube, autour de la fontaine , avec des linges immaculés, une rosée particulièrement bénéfique pour toutes sortes d’affections. En 1999 nous n’avons pas réussi à trouver la fontaine Saint Brice. Quant à la fontaine Saint Jean (photographie ci jointe), elle était déjà fort abandonnée et envahie par les mauvaises herbes…..
Nous avons commencé l’an dernier une nouvelle recherche sur les chemins de Compostelle dans les pays de Buch et de Born ( nous avons déjà eu l’occasion de vous en parler) Suivant les indications aimablement fournies par Raphaël Vialard et Jacqueline Broustey nous avons tenté de retrouver les traces des pèlerins sur les routes romaines ( de Biganos à Sanguinet) ou sur la rive droite de la Leyre, là où un tronçon de chemin entre Salles , Vieux Lugo et Mons, est appelé parfois « route de Charlemagne ». Cela nous a a ramenés à Mios , l’année dernière, et là - très mauvaise surprise - la fontaine Saint Jean a disparu.!! Elle a semble t’il été sacrifiée au passage des égouts de l’ensemble immobilier édifié à côté , et pompeusement baptisé « Résidence de la fontaine Saint Jean »…. Il y a bien une résidence, mais il n’y a plus de fontaine Saint Jean…. !!!
Nous serions curieux de savoir 1) si la croix a été conservée où si elle a été jetée à la décharge 2) Si une seule voix s’est élevée à Mios ou aux environs, pour défendre ce dernier témoignage du passé millénaire du village., humble monument ou tant de fidèles, au cours des siècles, sont venus se soigner et prier avec ferveur, pour leur guérison…
Nous avions déjà en 1999 , cherché et trouvé sans difficulté , près de l‘ancienne gare de Lamothe ( aujourd‘hui démolie) , la plus célèbre des fontaines miraculeuses de la région « la fontaine Saint Jean de Lamothe » Autrefois, les jacquets ne manquaient pas de s’y rendre pour y faire leurs ablutions avant de poursuivre leur longue route vers Compostelle et c’est là qu’ils choisissaient leur itinéraire, puisqu’ils pouvaient, soit rejoindre la traditionnelle route d’Espagne à Belin, en passant par Mios et Salles, soit poursuivre en longeant les étangs landais par Sanguinet, Biscarosse , Mimizan, Capbreton et Bayonne. Au dix neuvième siècle, après l’arrivée du chemin de fer, la gare de Lamothe marquait l’embranchement stratégique à partir duquel la voie ferré de Bordeaux à La Teste, avait été prolongée jusqu’à Bayonne, à travers les grandes Landes.. La renommée de la fontaine était telle que les trains qui se dirigeaient vers Lourdes s’arrêtaient longuement en gare de Lamothe pour permettre aux pèlerins d’y faire leurs dévotions . Aujourd’hui la fontaine est complètement asséchée, mais elle est entretenue et fléchée pour les chemins de Saint Jacques…La fontaine Saint Clair, près de l’église Saint Pierre de Mons, a bénéficié elle aussi ,d’un regain d’intérêt suscité par la renaissance du pèlerinage de Saint Jacques. Elle est entretenue, et son débit , quoique faible, permet encore aux pèlerins de tremper leur mouchoir et de se frotter les yeux avec une eau bienfaisante : c’est ce qu’ont pu constater nos amis de HTBA lors de leur expédition récente vers Belin, Mons et Vieux Lugo…..
Autre fontaine très connue dans le pays, Saint Jean de La Teste qui coule ( ou plutôt coulait) entre les racines d’un chêne séculaire, au pied des dunes de la Montagnette. Nous avons eu beaucoup de mal à la trouver, car les chemins de la Montagnette ont été bouleversés par les travaux de la route La Teste, dune du Pilat, Biscarosse, qui rejoint la voie expresse Bordeaux - Arcachon près de cet endroit.. Il y a quelques années, il ne restait plus que des traces d’humidité et quelques pierres pour marquer son emplacement, mais nous avons eu connaissance de quelques articles à son sujet dans la presse locale et nous espérons qu’elle a été remise en valeur, fléchée…. et honorée comme elle le mérite après des siècles de bons et loyaux services…
Françoise Cottin HTBA
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