Nous ne connaissons aujourd’hui comme bateaux traditionnels du Bassin d’Arcachon que les bacs ostréicoles à voile, les pinasses, les Monotypes d’Arcachon, les Pacifics, les Loups, etc. Pourtant il existait autrefois un autre type de navire typiquement local qui a totalement disparu : Les "chaloupes".
Ces navires de pêche pouvant affronter la haute mer jaugeaient jusqu’à 10 tonneaux et mesuraient environ 30 pieds de quille et 12 de maître-bau. Ils étaient gréés de 2 mats portant chacun une voile « à bourset ». C'était des "chasse-marée" calant 3 pieds.
Ils étaient non-pontés. C’est ce qui causa leur perte. En effet, les filets droits et dormants leur servaient de lest et, quand ils devaient fuir devant la tempête en les abandonnant, ils devenaient quasiment incontrôlables. De vraies « coques de noix » ! Les vagues déferlantes les submergeaient en quelques secondes. Des centaines de marins y laissèrent la vie, 78 par exemple uniquement lors de la tempête des 27 et 28 mars 1836 connue sous le nom de « lou gran’ malur » (le grand malheur).
On essaya bien à partir de 1819 d’inciter les propriétaires de chaloupes à les ponter pour éviter qu’elles ne « fassent le plein » trop facilement, mais aucun d’entre eux ne le fit jamais malgré les fortes primes offertes. « Tradition oblige ! » ont dit certains. Mais surtout, les solives qui charpentaient la coque sans pont permettaient à des rameurs assis dessus (12, le 13ème tenant la barre), de pallier au manque de vent ou de mieux contrôler le navire en cas de retour précipité dans les rouleaux des passes, ce qui aurait été impossible avec un pont.
Les chaloupes ont peu à peu disparu, soient naufragées, soit pourrissant dans une vasière. La dernière en activité a fait naufrage dans les passes le 9 février 1880. En voici quelques unes, les dernières, mouillées devant le "Grand Hôtel" d'Arcachon
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SL