Certains historiens racontent que l’huître portugaise, dite "huître creuse", "gryphea angulata" ou "crassostrea angulata", est arrivée dans le Bassin d’Arcachon accidentellement :
" Le Brick de haute mer "Le Morlaisien" commandé par le capitaine oléronnais Hector Barthélémy PATOISEAU
transportait en mai 1868 une cargaison d’huîtres de Setubal (Portugal, à embouchure du Tage) vers l’Angleterre. Obligé de se dérouter vers l’embouchure de la Gironde à cause d’une forte tempête, sa cargaison fortement avariée fut jetée par dessus bord entre Pauillac et Le Verdon le 14. Certaines huîtres toujours vivantes ont alors colonisé la région proche puis, au gré des courants, le bassin de Marennes-Oléron et le Bassin d’Arcachon. "
Ceci est une légende encore solidement ancrée dans certains esprits. La réalité est toute autre : Dès 1860 des huîtres portugaises ont été importées vers le Bassin d’Arcachon. L’huître plate (ostrea edulis), dite aussi "gravette", espèce endémique depuis la nuit des temps, commençait à manquer et les Bordelais appréciaient fort les huîtres creuses. Alors des ostréiculteurs commencèrent à en cultiver pour répondre à la demande grandissante.
Par exemple M. COYCAULT, concessionnaire de parcs sur les crassats de Grahudesqui a obtenu, par arrêté de la Préfecture Maritime en date du 17 décembre 1866, l’autorisation d’en importer.
Le Morlaisien ne se dirigeait donc pas vers l’Angleterre mais vers le Bassin d’Arcachon. Les passes étant infranchissables en raison du mauvais temps, il s’est détourné vers la Gironde. Le capitaine Patoiseau a essayé de vendre ses huîtres à Bordeaux. Trop tard ! L’odeur pestilentielle de sa cargaison en état de décomposition avancée l’a obligé à rebrousser chemin et à la larguer dans l’estuaire, sur le banc de Richard, malgré ses instructions.
Les huîtres portugaises (en réalité d’ailleurs d’origine indienne) ne sont pas arrivées dans le Bassin d’Arcachon accidentellement mais bien volontairement !
Une plaque est apposée au dessus de la "porte des pêcheurs" de la citadelle de la commune du Château-d'Oléron (17), en hommage au Capitaine Patoiseau
SL (un grand merci à Patrice Thobie)