Il existait au 20ème siècle une maison typiquement arcachonnaise au numéro 21 du boulevard Chanzy à Arcachon (quartier de l’Aiguillon). Elle appartenait aux époux DELAGE qui avaient un important domaine agricole à La Souterraine (département de la Creuse).
A La Souterraine se trouvait aussi la maison-mère de la congrégation de l’ordre du Saint Sauveur, des religieuses à vocation hospitalière. Monsieur et Madame DELAGE, jugeant sans doute que l’Aiguillon avait besoin d’un secours médical, mirent leur villa à la disposition de 5 de ces religieuses. Ainsi fut créé le « dispensaire Delage ».
Ces religieuses soignaient sur place et aussi à domicile. On les rencontrait dans Arcachon en toutes saisons, toujours à pieds et quel que soit le temps, leur sacoche de soins à la main. L’une d’entre elles, « Mère Sainte Adolphe », d’origine flamande et « forte femme » (à tous points de vue …), a laissé dans la mémoire de Germaine T. (qui en a été témoin) cette anecdote : 2 marins se battaient devant l’épicerie buvette de CANCALON au coin du boulevard Chanzy et de la rue Coste, l’un muni d’un couteau et l’autre se défendant avec ses « esclops » (sabots de bois). Le sang commençait à couler. Mère Sainte Adolphe s’est interposée « en les engueulant
en des termes où la casuistique n'a rien à voir » ! Puis elle les a traînés, quasiment « manu militari », jusqu’au dispensaire pour les soigner.
Le dispensaire est devenu ensuite le siège des « Bérets Blancs » de la paroisse Saint Ferdinand, un patronage pour fillettes et adolescentes.
(d’après Jean Jacques CAZOBON)
La maison a plus tard été mise aux enchères, achetée par le notaire arcachonnais Maître L. et louée à la famille R. qui a ensuite acheté une maison à proximité, rue Coste. Le « dispensaire Delage » a été laissé à l’abandon. En voici des photos (prises par moi-même) en 1975 :
C'était au temps où il n'y avait qu'un seul (mais déjà un !) immeuble en front de mer de l'Aiguillon :
Peu de temps après elle a été achetée par un promoteur qui l’a rasée pour y construire la résidence « grand large » (je vous fais grâce des images …). A la demande des habitants du quartier, il s’est engagé à conserver la statue qui trônait au milieu du jardin.
Il l’a fait. Elle a été déposée contre le mur de la résidence et mise en valeur. Puis, une nuit, elle s'est "envolée" ! ...
Xavier HESSEL