La digue Bartherotte. Pointe du Cap-Ferret.

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samedi 18 septembre 2010

Pour en savoir un peu plus.

On ne peut pas évoquer l'histoire de la digue du Cap-Ferret sans parler de l'évolution de l'ensemble des passes du Bassin d'Arcachon  qui constitue un univers de sable en mouvement.

Dans cet univers particulier, la presqu'île du Cap-Ferret n'est qu'un simple banc de sable. Elle a donc, à l'origine, la même nature que les bancs de sable qui se forment et se déforment dans les passes du Bassin d'Arcachon (du point de vue hydrologique, les passes, ce couloir emprunté par les marées pour entrer et sortir du Bassin, s'étendent de la pointe d'Arcachon jusqu'à la sortie du banc d'Arguin). Cet ensemble sableux, s'il n'est pas fixé par l'homme, dérive naturellement vers le sud, poussé par les vents et les courants dominants de l'Atlantique.

L'homme, en colonisant progressivement cet ensemble en mouvement, a fixé certains points avant d'autres. Ainsi, il a entrepris de fixer la pointe d'Arcachon quand il a décidé d'y créer une station vers 1850. Hélas, il n'a compris la nécessité de fixer la pointe du Cap-Ferret que 100 ans plus tard, alors que celle-ci avait déjà perdu 1 km.

Pour quelles raisons cette partie du Cap-Ferret a t'elle été perdue ?

Et bien le chenal du Teychan, qui passe devant Arcachon et draine à marée descendante 70 % de la surface du Bassin*, a été dévié sur le Cap-Ferret depuis que la façade d'Arcachon a été fixée par l'homme aux prix d'énormes difficultés, on peut s'en douter (plus de 50 ans de travaux). Auparavant la puissance de ce flot, combinée à celle du chenal de Piquey, s'écoulait naturellement en direction du sud-ouest, vers la dune, sans toucher la presqu'île du Cap-Ferret. Sans les travaux sur Arcachon, il en serait toujours ainsi.

* surface qui, multipliée par un marnage moyen de 4m par marée représente environ 400 millons de m3, 2 fois par jour.

Il a fallu donc penser à protéger le Cap-Ferret et surtout agir ! Aujourd'hui, une digue artisanale et quelques hommes acharnés font face. Nous allons tâcher ici, avec l'aide de documents officiels de la SOGREAH (bas de page), de vous expliquer les objectifs de cette épopée, il faut savoir qu'en l'absence d'une telle protection les flots auraient déjà submergés la pointe du Cap-Ferret à hauteur de la conche du Mimbeau entraînant avec eux plusieurs centaines de maisons (on parle de 600).

Le phénomène.
Les 2 côtes situées à l'entrée du Bassin d'Arcachon ( celle du Pyla et celle du Cap-Ferret) subissent une érosion naturelle provoquée simultanément par les houles de l'atlantique, les forts courants de marée et des quantités impressionnantes de sable océanique.

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Les spécificités de la digue
La digue a commencé à être édifiée à la fin des années 1950 par les différents riverains qui se sont succédés sur ces terres menacées. Elle n'est pas rectiligne et épouse les contours du rivage, tantôt des anses, tantôt des pointes. Les pointes, éléments stratégiques de la protection, sont les plus vulnérables.

La construction est un empilement de roches, pierres, blocs de béton, gravats... Elle s'étend le long du littoral, commençant à l'extrémité de la pointe du Cap-Ferret au point nommé « digue de Bartherotte » (du nom du propriétaire du terrain), elle longe ensuite les terres du domaine des « 44 Hectares » (appartenant à plusieurs propriétaires) jusqu'à sa fin, à la pointe « Hortense » située avant la conche du Mimbeau.

 

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L'extrémité de la pointe du Cap-Ferret, début de la digue « Bartherotte », face à l'océan.

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Digue « Bartherotte "

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Digue « Bartherotte "

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Ceci n'est pas une plage privée mais une brèche ouverte par un glissement de terrain.

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Digue des « 44 Hectares »

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Digue "Hortense"

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Fin de la digue « Hortense », juste avant la conche du Mimbeau

En chiffres :
- Profondeur du chenal au pied de la digue (au plus profond) : 27 mètres à marée basse.
- Hauteur de la partie émergeante : environ 3 mètres (suivant la marée).
La digue mesure donc environ 30 mètres de haut, soit, à titre comparatif, la hauteur d’un immeuble de 9 étages.

- La paroi extérieure de la digue a un angle d’environ 60 degrés par rapport à l’horizontale (à vue d’œil), ce qui donne une base approximative de 15 mètres à l’aplomb du bord de la digue.

 

Affaissements. Attention danger !
Les abords de la digues sont extrémements dangereux, l'apport régulier de sables océaniques sur les plages qui bordent l'édifice provoquent par leur poids des glissements de terrain impressionnants, des pans entiers de plage glissent régulièrement et subitement dans le chenal, le plus souvent par temps et mer calmes.

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Chaque jour l'océan dépose ici des tonnes de sable (environ 1000 m3) et fragilise ce bout de plage situé à la pointe sud de la digue. Attention danger.

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Le phénomène se produit le plus souvent à marée basse et par temps calme.

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Un rescapé !

Qui entretien, qui finance la digue ?
La pointe « Hortense » est la seule portion de digue située sur le domaine public (d'une longueur d'environ 100 m), l'entretien en incombe donc à la municipalité . Cette pointe défensive, est régulièrement attaquée par les éléments (témoignage de Claude Mustel, copropriétaire de  l'ancien hôtel situé face au restaurant « Chez Hortense » : « En 1977, le sable s'est vidé d'un coup, emportant avec lui les arbres du jardin. On a dû faire venir 55 camions en urgence ». ) .

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L'énorme charge financière nécessaire à l'entretien des centaines de mètres restants en revient à une poignée de riverains : les titres d'adjudication des parcelles qu'ils détiennent pour ces terres (délivrés à partir de 1907) et qui leurs permettent d'habiter sur le Domaine Public Maritime, les obligent à entretenir ces rives ou à quitter les lieux s'ils baissent les bras !

Chaque année les interventions de remise en état de la digue durent entre 1 mois et 1 mois et demi, dans ces moments là, 30 à 60 camions font quotidiennement la navette. Chaque camion de matériaux coûte environ 250 euros.

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La portion de la digue « Bartherotte », la plus proche de l'océan, est de loin la plus attaquée, ici un homme et sa famille luttent vent debout depuis plus de 20 ans.

 

Toutes ces gens défendent leurs biens, ceux des habitants juste derrière ainsi que les biens publics qui s'y trouvent. A ce jour l'Etat n'a pas pu apporter de solutions au problème de ces riverains ni à leur avenir menacé.

Chapeau bas aux Bartherotte et à ces riverains combattants qui, à eux seuls, ont pour l'instant sauvé la pointe.


RAPPORT OFFICIEL de la SOGREAH – Mars 2008

- Synthèse des évolutions
- Synthèse de l'érosion
- Menace sur les habitations

VOIR LE RAPPORT

RANSINAN, HESSEL pour Bassindarcachon.com

 

Actualités du Mercredi 29 mars 2011

Suite à la tempête Xinthia et ses terribles inondations (février 2010, 47 victimes), l'Etat, qui lance un plan national de protection contre la montée des eaux marines, va s'intéresser à notre problème et, enfin, aider à la protection de la pointe du Cap-Ferret, nous l'espérons. Il y a urgence car, par manque de moyens, la digue actuelle de part une pente trop abrupte, accélère l'érosion d'une partie de l'extrême pointe. Seul l'Etat et ses moyens peuvent régler le problème, les solutions existent.

Article, Journal Sudouest du 29 mars 2001, le sous-préfet GAUCI : " Dans le cadre du plan de prévention des submersions marines sur le bassin d'Arcachon que je viens de prescrire, je fais examiner la situation technique et juridique de l'ensemble des ouvrages de défense contre la mer du bassin d'Arcachon ... les riverains doivent déclarer pour cet ouvrage son emplacement, sa nature, sa consistance, son volume et son objet, ainsi que la ou les rubriques de la nomenclature dans laquelle ils doivent être rangés ... Conformément aux dispositions du code de l'environnement, je vous demande de me faire connaître toute modification depuis 1993 ..  J'ai demandé aux riverains de s'organiser collectivement et d'avoir le plus possible un discours unique. J'ai besoin d'un interlocuteur. Ce qui va dans le sens de cette coordination va dans le bon sens, du moment que cela est fait sans arrière-pensée.

Quelques jours plus tards, 2 associations ont vues le jour, le 11 mars à la sous-préfecture d'Arcachon : la première, les Riverains de la Pointe, a pour objet « l'organisation de la défense de la Pointe au Cap-Ferret ». La seconde, l'Association de défense de la pointe du Cap-Ferret, « la défense contre l'érosion et la dénaturation de la Pointe au Cap-Ferret ». Benoît Bartherotte et Francis Lombrail en seraient à l'origine.

On attend la suite.

 

Actualités du 16 mars 2016

Que se passe-t-il réellement à la Pointe ?

 

Un arrêté préfectoral en date du 15 janvier interdit au public, jusqu'au 30 avril, l'accès à la plage de la Pointe du Cap Ferret. Le texte parle des « conditions hivernales habituelles », de « la forte érosion constatée à la pointe du Cap Ferret », des « risques réguliers, imprévisibles et subits d'effondrement de la plage au droit des propriétés de M. Bartherotte et du Conservatoire du Littoral » et enfin des « risques pour les personnes ».

 

Intervivew de Benoît Bartherotte.


 

« Sud Ouest ». Êtes-vous d'accord avec l'arrêté préfectoral qui interdit l'accès à la plage de la Pointe ?

Cet arrêté aurait dû être pris il y a vingt ans ! D'ailleurs, il existe un arrêté municipal du même type en vigueur. Il avait été signé par Robert Cazalet (maire de Lège-Cap-Ferret de 1971 à 1995, NDLR).

 

Est-il nécessaire ?

À l'ouest de ma digue, la plage s'effondre régulièrement. Et les gens qui se baladent à la Pointe viennent souvent jusqu'ici.

 

Que se passe-t-il à cet endroit ?

Le sable prélevé par la mer sur toute la côte du Médoc transite par la Pointe avant d'aller sur les bancs de sable des passes du Bassin. Ma digue capte une partie de ce sable en transit. Mais elle n'est pas assez longue pour tout absorber et tout stocker. C'est un volume de 1 000 m³ de sable qui arrive tous les jours. Et tous les dix jours, quand, dans la mer, la pente formée par ce sable accumulé est trop forte, la plage s'écroule. Parce que le chenal devant la digue et la plage est profond, plus de vingt mètres, l'effondrement peut donc être brutal.

 

Est-ce un phénomène connu ?

Oui. Quand la pointe d'Arcachon a été urbanisée et donc fixée, le courant du Teychan a été dévié vers le Cap Ferret. Depuis, deux fois par jour, à la marée descendante, 400 millions de m³ d'eau arrivent sur la Presqu'Île. Les ostréiculteurs ont d'abord défendu le Mimbeau en immergeant des tares, des morceaux de tourbe solidifiés extraits au pied de la dune du Pilat. Ce fut le premier déflecteur opposé au Teychan. Et au milieu des années 70, ils se sont aperçus que le sol s'écroulait parfois, faisant disparaître certains parcs. Tout tombait à la verticale, comme chez moi.

 

Pourquoi ?

Le sable de la dérive littorale entrait dans le Bassin avec la marée montante, s'accumulait devant les protections et s'effondrait quand la pente devenait trop raide face au chenal creusé par le courant descendant. Avec ce premier déflecteur au Mimbeau, le courant et les phénomènes se sont ensuite déplacés devant chez Hortense, quand les premières défenses ont été faites, puis chez moi.

 

Pour limiter ces effondrements, il faut un angle moins brutal et dévier le courant vers le large. Mais c'est un effort énorme de dévier 400 millions de m³ d'eau deux fois par jour ! On peut aussi terminer la digue en dos de tortue, avec des pentes douces qui laissent passer un peu de sable chaque jour.

 

Avez-vous essayé ?

Oui. Mais ça coûte très cher et il y a un inconvénient : le sable infiltre les pierres et peut provoquer des effondrements sous l'eau et déstabiliser la digue. J'ai essayé. J'ai tout essayé depuis trente ans.

 

Sur quelle étendue la plage s'effondre-t-elle ?

Sur environ 80 mètres, depuis le musoir de ma digue.

Ça ne va pas jusqu'au niveau du parking.

 

Pourquoi avez-vous, à cet endroit élevé une dune artificielle ?

Cette dune, construite avec le sable qui arrive de l'océan, protège les parties basses de la Pointe, où il y a des maisons, et mes pins. Je défends mes pins et je défends le reste aussi. Et il y a une deuxième dune, que j'ai montée aussi, à soixante mètres de la première.

 

À quoi sert-elle ?

En mars 2014, après plusieurs jours de tempête, la première dune a été emportée par les vagues. Sans la deuxième, l'eau serait entrée sur le parking et dans le lotissement. Ici, le cordon dunaire a disparu.

 

À cause de l'érosion ?

La Presqu'Île a perdu 41 mètres par an entre 1973 et 1981. Entre 1982 et 1985, elle a perdu 340 mètres ! Imaginez qu'en 1828, la Pointe du Ferret était à 850 mètres de la dune du Pilat ! L'érosion atlantique est inéluctable mais, ici, elle a beaucoup moins compté que l'érosion provoquée par le Teychan. Et celle-ci est aujourd'hui stoppée.

 

Il n'y a plus d'érosion ?

Depuis 1995, année à laquelle ma digue a atteint sa longueur définitive, la Pointe ne recule plus. Les images prises par le satellite Spot, qui photographie le trait de côte, le prouvent. Ma digue conditionne la longueur et, dans une certaine mesure, la largeur de la Pointe. Son effet serait plus important si elle était plus longue, en déviant le courant plus au large encore. Actuellement, elle a un effet jusqu'à environ 500 mètres. Elle est trop courte pour protéger la Pointe jusqu'aux blockhaus, côté océan. Mais l'érosion est stoppée. Regardez ce grillage planté par l'Office national des Forêts au pied des dunes. Il est aujourd'hui ensablé, et même enterré sous le sable plus à l'ouest.

 

Devant le Mirador, une langue de sable s'est formée. Pensez-vous qu'elle va-t-elle se stabiliser et rester ?

Il y a un angle mort, sans courant, à l'ouest de la digue. En écartant le courant avec la digue, on a quand même des résultats : le sable en transit du Médoc vers les passes se stocke ici, formant cette langue.

 


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