Cet article fait une nouvelle fois état de la supériorité de l'huître naturelle face au bivalve d'usine du profit. Le face à face, huître naturelle / huître génétiquement modifiée (4 saisons), est sans appel ! Moralité : gardons le contact avec la nature, plus forte que l'homme, et bien moins dangereuse.
P. Ransinan
Et une médaille de plus ! La semaine dernière, l'ostréiculteur arésien Éric Dauges a obtenu une nouvelle médaille d'or au concours général du Salon de l'agriculture de Paris ! Il en aurait presque l'habitude puisque c'est tout de même la septième…
Eric Dauges. Photo David Patsouris
Ce lundi matin, alors que le vent de nord balaie le petit port ostréicole d'Arès, Éric Dauges n'a pas de coupe de champagne à la main. En fait, il a les bottes aux pieds et il travaille. Parce que les médailles, c'est du travail, avant tout du travail.
Né dans une famille d'ostréiculteurs, il n'a jamais envisagé autre chose que de reprendre l'entreprise familiale. Après la troisième, il n'a pas voulu passer son bac et entrer à l'ENA. Il a plutôt passé un BEP au lycée professionnel de Gujan : « Je suis né dans l'ostréiculture et j'ai toujours adoré ça ! »
Des huîtres 100 % Bassin
Du coup, après un an sous les drapeaux d'un navire escorteur à Djibouti, il se met en Groupement agricole d'exploitation en commun (GAEC) avec son père, qui ne fait pas de détail, que du commerce de gros et du naissain. « Quand j'ai pris les rênes de l'entreprise, en 1998, je me suis orienté vers la vente directe. Ça me correspond plus : moins de volume et plus de qualité. »
Il change radicalement le fonctionnement de l'exploitation : réduction des densités dans les parcs, achats de nouveaux parcs, vente directe sur le marché à Pessac et à la cabane. Aujourd'hui, Éric Dauges travaille 2 hectares de parcs dans le Bassin (Arguin, Grand Banc, Courbey, Réousse, la Vigne, Grand Piquey et Île aux Oiseaux), et rien que dans le Bassin. Ne cherchez ni normandes, ni bretonnes, et encore moins d'huîtres triploïdes chez lui : il n'y en a pas. D'ailleurs, c'est écrit sur la fenêtre de sa cabane : « Ici, huîtres 100 % naturelles et 100 % du Bassin. »
Éric Dauges revendique sa pureté : « Les 25 tonnes d'huîtres que je produits sont nées, ont été élevées et affinées dans le Bassin. C'est un choix et c'est ma satisfaction. Et je vois bien que ça marche, que les clients sont satisfaits. »
C'est ici que les médailles du Concours général sont importantes : « Avoir des médailles sur plusieurs années montre une certaine régularité dans la qualité, ça reflète le travail du producteur. Et les clients, à force, le voient eux aussi. Ce que je vise, c'est le prix d'excellence, qui est basé sur le nombre de médailles récoltées sur les trois dernières années. C'est intéressant parce que c'est le producteur, et pas son huître, qui est reconnu. »
« La conscience tranquille »
Éric Dauges ne regrette pas son choix d'une ostréiculture traditionnelle dont le moteur le plus profond est la passion : « Chacun fait ce qu'il veut, mais il faut expliquer aux consommateurs quelles huîtres ils achètent. Les huîtres d'écloserie, c'est de l'élevage, pas de l'ostréiculture. Ces huîtres sont toutes les mêmes, alors qu'elles devraient toutes être différentes. Je gagne moins d'argent, mais ce n'est pas grave. Je suis dans le sens de l'Histoire. J'ai bien fait de suivre mon chemin et de ne pas devenir un marchand de tapis. Avec mes huîtres 100 % Bassin, j'ai la conscience tranquille et le sentiment de me différencier des autres. »
Et puis la situation actuelle de l'ostréiculture le renforce dans sa détermination. Cette année, Éric Dauges a posé 14 000 tuiles et 30 000 coupelles de captage. Sur chaque collecteur, il reste 50 à 70 huîtres après la première vague de mortalité d'automne due à l'herpès-virus : « J'arrive à joindre les deux bouts, je ramasse toutes les huîtres. Mais bon, on vit quand même au jour le jour. Je sais qu'au printemps, 60 % de ces jeunes huîtres mourront à leur tour. »
Sources : Journal SUDOUEST www.sudouest.fr- Reportage : David Patsouris