Sur le bassin, en ce moment, on trouve nombre de bateaux le long des chenaux ou esteys et, bien entendu, il y a une explication. Les passagers sont occupés à faire tremper au fond des petites choses rigolotes et souvent roses appelées « turluttes ». Leur but, attraper des casserons, seiches juvéniles nées dans le bassin, après la ponte généreuse de leurs mamans au printemps précédant. Si l’un d’eux se colle au leurre il faut alors le remonter doucement, attraper l’épuisette et cueillir la petite bête avant qu’elle ne s’enfuie. Car l’animal est bigrement méfiant, et certains ne parviennent jamais jusqu’au bateau. S’il arrive enfin entre vos mains, alors je vous en conjure, tenez le bien derrière la tête avec LE VENTRE EN BAS, sinon chemisettes, bermudas, peinture du bateau prennent alors une décoration moderne sans doute du plus bel effet, mais seulement dans les galeries d’art. Enfin, à vous de juger, mais les tons n’existent qu’en noir, au mieux en gris. Je ne vous décourage pas, loin de là, on peut remplacer la turlutte par une sardine dans une petite cage ou sur une épingle, ça marche aussi. Bonne pêche, et puis, avec des oignons, des tomates et un peu de rosé c’est délicieux les casserons.
Alain Fouladoux