Avez-vous déjà vu un vison d’Europe ? Sans doute jamais, ou alors empaillé dans un musée ...
et une tortue cistude ? Non plus ?!
Et pourtant l’île de Malprat, au beau milieu du delta de l’Eyre au sud-est du Bassin d’Arcachon, est un sanctuaire pour ces espèces gravement menacées de disparition. Sans doute y ont-t-elles trouvé le décor enchanteur, l’eau pure, la nourriture abondante et la quiétude salutaire.
L’île de Malprat est une île artificielle de 139 hectares. C’était à l’origine un ensemble de bancs de sable. Ils ont été transformés au 18ème siècle (et peut-être bien avant, depuis l'antiquité peut-être !) en marais salants. Des bassins ont été délimités géométriquement, séparés par des digues de sable.
Au 19ème siècle ces bassins ont été reconvertis en ferme marine extensive pour muges, bars et autres anguilles. Ils fournissaient aux Bordelais du poisson frais via « lou gran' camin' » (le grand chemin), le chemin des Boyens (« lou camin' bougès »), l'actuelle route nationale Bordeaux-Facture, l'ancienne voie romaine.
Au 20ème siècle tout a été abandonné et l'île de Malprat est devenue une "friche".
Les roseaux ont envahi les rives des bassins, offrant un abri à toutes sortes d’espèces de poissons, batraciens, oiseaux marins et mammifères amphibies. Des prairies humides servaient de pacage à des vaches qui traversaient à gué à marée basse les bras de l’Eyre enserrant l’île.
C’était aussi une réserve de chasse au gibier d’eau et aux oiseaux migrateurs. Les chasseurs s'y régalaient, en toutes saisons paraît-il. Un garde-chasse y aurait laissé la vie ! Ce sont des rumeurs qui me sont parvenues aux oreilles ...
C'était une île privée, héritage de « l'ancien régime », l'époque du Captal de Buch Au Teich et du Seigneur de Certes à Audenge. A l'occasion d'une succession, elle est tombée en 2001 (par « dation » pour payer les droits de succession) dans l’escarcelle de l'Etat. Elle est maintenant gérée par le Conseil Général de la Gironde (à moins que ce ne soit par le Conservatoire du Littoral) qui y aurait entrepris en 2004 des travaux pour entretenir et restaurer les digues.
On a recensé sur l’île de Malprat des centaines d’espèces de mammifères, oiseaux et autres. La proximité du parc ornithologique du Teich, dont elle n’est isolée que par un petit bras de l’Eyre qui suffit à interdire les intrusions humaines, en a fait une zone naturellement protégée accueillant en toute tranquillité la faune sauvage.
Un vison d'Europe (rare !)
La flore n’est pas en reste à Malprat car personne ne la piétine ni ne la cueille. C’est une flore de terrain pauvre, sec et sablonneux. Par exemple le « cotonnier » (Baccharis en terme scientifique).
Les roseaux sont omniprésents. Beaucoup d’autres plantes, parfois rares, colonisent chaque mètre carré de ce petit coin de pure nature.
Peut-être aurez vous un jour le privilège d’apercevoir dans vos jumelles un vison, une tortue cistude ou pourquoi pas une loutre sur un fond de cotonnier ou au milieu des roseaux. L’île de Malprat est un véritable sanctuaire qu’il faut préserver.
Notre maître-photographe local Stéphane SCOTTO en a fait récemment ce beau cliché aérien.
SL