D'abord la petite histoire..
Un jour, pendant les vacances de l'été 1937, je me trouvais à bord de ma pinasse "Fleur de Mai" que j'avais ancrée tout près de l'Île aux Oiseaux. Le temps était mauvais, avec vent, crachin... Impossible de débarquer pour chasser ou pêcher. Je me mis à l'abri, sous le "taud" protecteur de toile huilée et j'eu l'idée d'écrire les paroles d'une chanson que j'intitulais tout simplement "La Chanson du bassin".
Je commençai à écrire le premier vers : "Est-il des coins plus enchanteurs sur la terre...". Tout naturellement, en relisant à haute voix ce début de phrase, un air surgit dans ma pensée et sur mes lèvres : "La Madelon", cette magnifique chanson chère à nos poilus si valeureux de 1914-1918, qui fut composée par Camille ROBERT. Avant que je ne lève l'ancre pour revenir à Mestras, j'avais composé les trois couplets et le refrain. Dès la rentrée scolaire, j'appris la "Chanson du Bassin" à mes élèves... qui la diffusèrent chez eux. Je ne sais pas comment cela arriva, mais elle fut chantée en avril 1937 sur la scène du Grand-Théâtre de Bordeaux par le charmant groupe en costume local des parqueuses de "Tout pour la Patrie", société de gymnastique d'Arcachon dont le Président était mon ami M. VALLEAU. Gros succès ! Plusieurs rappels ! ça y était ! Ma petite "Chanson du Bassin", qui avait été imprimée à Arcachon-Graphica, puis vendue à Bordeaux, fit vite le tour du Bassin, alla encore plus loin : on la chanta (et on la chante encore) lors des fêtes familiales, des fêtes scolaires et sportives, pour les banquets, pendant les fêtes locales et les foires. Elle fut même chantée dans un avion volant au-dessus de l'Atlantique, une délégation d'ostréiculteurs conduite par Momond DUPIN allant au Canada pour des raisons professionnelles. Dernièrement, elle eut un grand succès en Tunisie, une sympathique Testerine l'ayant interprétée au cours d'un voyage du troisième âge. Et voilà ce que fut l'histoire d'une chanson !!
Pierre Denjean 1920-1957 - D'après le livre : La simple histoire d'un maître d'école girondin , 1987 Graphica, Arcachon.
1. LA CHANSON DU BASSIN
par Pierre DENJEAN. Musique de Camille ROBER, sur l'air de "La Madelon"
"Est-il des coins plus enchanteurs sur la terre, Que sur les bords de notre si beau Bassin ? Des lieux charmeurs où l'on ne peut que se plaire, Un climat doux, du vent frais, un air très sain, Notre Bassin est la merveille Dont tant de pays sont jaloux ; Dans bien des cœurs son nom éveille Un écho tendre, écho bien doux ! Gujan-Mestras, Le Teich, Lanton, L'Herbe, Andernos, La Teste, Audenge, Arès, Taussat et Biganos !
REFRAIN : Oui ! le Bassin est sans rival au monde ! Quand on le voit, on oublie ses chagrins – Vive le Bassin ! Quel bonheur, quand on glisse sur l'onde En chantant un gai refrain ! – Vive le Bassin ! Nous respirons un air pur qui nous grise, Et quand, sur l'eau, joyeux, nous naviguons, Nous comprenons ce que chante la brise : Quel bijou, le Bassin d'Arcachon ! Nous entendons souvent l'Océan qui gronde, Notre Bassin est loin d'être si méchant ! Ecoutez donc le murmure de son onde : Il est berceur, harmonieux comme un doux chant. Deux fois par jour, la marée monte, Recouvrant les parcs de ses flots. Les vagues, sans doute, racontent Des histoires, dans leurs sanglots. Les Jacquets, Le Canon, Piraillan et Piquey, Moulleau, Ferret, Pyla, Arcachon et Claouey !
(AU REFRAIN)
Sur le Bassin, les fervents du canotage Viennent nombreux naviguer pendant l'été, Pêche, yachting, avec tous les sports de plage, Bronzent le corps et fortifient la santé, Dégustez donc nos huîtres saines, Accompagnées d'un bon vin blanc, Et vous n'aurez aucune peine A vivre tous jusqu'à cent ans ! Et quand on a goûté La soupe de poisson, On ne peut oublier Le Bassin d'Arcachon !
(AU REFRAIN)
Notre Bassin a une très longue histoire Et il est riche de nombreuses traditions Le temps passé à déchiffrer ses grimoires Vient compléter notre vaste érudition Les souvenirs qu’on collectionne Alimentent la nostalgie Et c’est vrai qu’un rien nous étonne Quand il évoque notre pays Les fanas du bassin Ont scellé leur union Histoire et Traditions du Bassin d’Arcachon
(AU REFRAIN)
2. La CHANSON DES ENFANTS DU PAYS DE BUCH
de Gilbert SORE. Recueilli sur le Journal d'Arcachon N° 1158 du 2 avril 1966.
Sur l'air de « L'Ode à la Joie » (l'hynme européen) - Neuvième Symphonie de Beethoven
Mes yeux ouverts sur ma marge De la mer, de la forêt, Mes poumons au vent du large Cadencent le mascaret ;
[Leur rythme emprunte la force Double du flux, du reflux Et fait lever dans mon torse L'élan des pins résolus.] (bis)
O rumeur de la cigale, Tic-tac ardent du pivert, Ile aux Oiseaux à l'étale Perle au coquillage ouvert,
[Salut, bergers des échasses, Cabanes des résiniers, Ronde libre des pinasses, Chariots des muletiers !] (bis)
Lorsque le couchant s'embrase, Je brûle d'un juste accord Et contemple avec extase Les passes aux ailes d'or ;
[Le Sabloney étincelle Avec le genêt, l'ajonc ; Mon cour un grappin te scelle A la rade d'Arcachon.] (bis)
Mon vieux pays, ma fortune, Quel subtil enlacement En moi monte de la dune, Mesure de mon serment ?
[Dans la forêt sur la plage, Tout chante mon unité, Compose mon paysage, Mon reflet, ma vérité.] (bis)
* Chanson transmise pas Aimé Nouailhas du groupe HTBA
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